lundi 19 janvier 2015

4 - En route vers Mandawa et le désert du Shekhawati











Étonnamment, nous sortons de Delhi avec facilité. Devant nous, une journée de route nous attend pour nous amener jusqu'au Shekhawati, région s'ouvrant sur le désert du Thar. Nous avons laissé la capitale indienne à ses importants travaux, notamment la construction d'une nouvelle tranche du métro, pour nous retrouver dans les travaux de l'autoroute menant au Rajasthan. L'inde semble se préparer au futur. La route déroule un paysage de campagne, où se succèdent champs de colza, de pois chiche, et prés pour les vaches. Nous croisons de longs et compacts troupeaux de moutons menés par des bergers « Bishnoïs », tout de blanc vêtus, et turbans oranges sur la tête. Des vaches croisent la route, auxquelles succèdent de puissants dromadaires transportant d'imposantes charges, suivis parfois par de petits ânes menant carrioles. Les femmes déambulent le long de la route, en costumes légers et colorés. Elles portent le bois, transportent l'eau dans de lourdes cruches tenues en équilibre sur leur tête. Au fur et à mesure que nous avançons, le paysage alentour s'assèche. Ici, on sent bien que le désert avance. Le sable ronge les bords de route, un sable brun et fin, presque poudreux. Le désert du « Thar » s'annonce.

Les haveli, ces grandes demeures de riches marchands, font la renommée du Shekhawati. Tapissées en façade de fresques colorées, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, elles sont de véritables galeries d'art à ciel ouvert. Ici, les artistes ont retranscrit le quotidien de la vie indienne, les journées au champ, les fêtes de famille ou scènes de chasse. On peut y voir, pèle mêle, les inventions apportées par l'occupation anglaise, le vélo, le train ou la voiture. Ces fresques magnifiques permettent de se faire une idée précise de ce qui faisait la vie de ces riches négociants. On pénètre dans l'haveli par la porte principale qui s'ouvre sur la première cour où étaient accueillis les commerçants de passage. Ils s'installaient ici pour procéder à leur négoce, et entretenir d'interminables et bruyantes palabres sur la qualité et quantité de leurs marchandises. La deuxième cour était uniquement réservée aux femmes qui, à l'abri de la vue des visiteurs et notamment des hommes, vaquaient à leurs occupations, et aux tâches journalières, que constituent la lessive  ou la cuisine. 
Mandawa, petite ville, étape finale de notre journée, détient en son sein de nombreuses haveli, malheureusement dans un état de délabrement qui, parfois, n'en permet même pas la visite. Elles sont maintenant désertées par leur riches propriétaires partis à l'étranger, et laissées à la garde de gardiens improvisés, «squattant » les lieux. Située sur  la route de la soie, cette région a pleinement et longtemps profiter de sa situation pour devenir un carrefour important du commerce du sel, de la soie et mille marchandises. Les caravanes interminables profitaient des lieux et de l'accueil généreux, pour faire halte et pour un repos mérité avant de reprendre leur longue route.

L'appel du Muezzin, à la première prière, dans la froideur matinale, mettra fin à notre nuit passée dans une de ses haveli, aujourd'hui transformée en un hôtel fort agréable et typique.
Demain, nous allons nous enfoncer un peu plus dans le désert du Thar, où nous passerons une nuit sous tente.
Texte Henry Lavesque - Photos Hélène gros
    

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