lundi 27 février 2017

014 - Au royaume du Swaziland

Elles se tiennent face à nous, dans leurs costumes d'apparat aux couleurs noire et rouge, floqués de la couronne royale. Une première voix, toute en douceur et nuance, donne le ton. Tout à coup le chœur s'embrase. Une puissante mélodie s'envole, sous le dôme des arbres environnants. Nous ne comprenons pas un seul mot de cette chanson. Pourtant, nous en ressentons toute l'émotion. Ce gospel nous émeut. Il en émane des images de liberté, de grands espaces, de croyances ancestrales. On pourrait même y trouver un goût de souffrance, de résistance. Devant ce chœur de femmes du Swaziland, c'est toute la savane qui s'anime, avec les lionnes s'approchant des plans d'eau à la tombée du jour, les antilopes s'envolant au-dessus des hautes herbes, ou les puissants buffles scrutant l'horizon. Ce chant est tout simplement beau, et comme tout ce qui est beau, cela en devient profondément émouvant, rare.



 
Nous sommes arrivés depuis quelques heures sur les terres du royaume du Swaziland. Petit pays frontalier de l'Afrique du Sud et du Mozambique, peuplé d'à peine 1,5 million d'âmes. Le Swaziland, est une des dernières monarchies absolues du globe. Réputé pour sa tranquillité, et sa tolérance, ce petit pays sera notre hôte l'espace d'une journée. Nous y sommes arrivés au bout d'un trajet de trois heures, après avoir suivi une large et confortable langue de bitume, passant par la ville de Manzini. Nous faisons halte pour la nuit dans une région de moyenne montagne, au climat équatorial. Les rivières sont grosses et les ruisseaux gonflés, car il n'a pas cessé de pleuvoir tout au long de la semaine dernière. La nature est humide et verdoyante.
Nous nous installons dans notre lodge à « Ezulwini », le « Mantenga Lodge ». Nous disposons d'une petite maisonnette en bois, reposant sur pilotis et surplombant la rivière, perdue au milieu d'une luxuriante forêt. 


Pour terminer la journée, nous décidons de faire une balade sur le sentier en contrebas menant jusqu'à un village traditionnel où, à 16hoo, a lieu un concert de gospel avec danses traditionnelles. Nous empruntons une piste de terre, longeant la rivière, et devant nous mener jusqu'au village. Au bord du sentier, nous croisons deux panneaux inquiétants, le premier nous dit « Attention aux crocodiles », et le deuxième plus naïf, mais tout aussi explicite, reproduit le dessin d'un crocodile, avec en gros le mot « Beware ». Nous accélérons le pas, désirant nous éloigner au plus vite des bords de rivière. Arrivés au village, le concert a déjà commencé. Nous tombons sous le charme de ces touchantes et magnifiques voix du Swaziland.



Au retour, comme à l'aller, nous accélérons notre rythme de marche au moment de passer devant les deux panneaux de mise en garde.  Et, comme à l'aller, le passage se déroule sans problème !  Arrivés dans notre maison, nous avons la surprise de nous retrouver nez à nez avec un singe en train de déguster nos biscuits dans notre chambre. La frayeur est partagée avec l'animal qui s'enfuit aussitôt par la petite fenêtre que nous avions laissé ouverte.
L'émotion passée, nous achevons la journée, sur la terrasse qui domine l'immense vallée plongée dans l'obscurité. 
Dans une semaine, jour pour jour, il en sera terminé de notre périple en Afrique du Sud.  Ce soir, sur notre table de chevet, manque l'ancien testament, présent jusqu'ici dans toutes les chambres des étapes de notre voyage. 
Demain, nous quittons le Swaziland, pour entrer à nouveau en Afrique du Sud, dans la région du Mpumalanga, dans la savane du Parc Kruger. Les prochains jours s'annoncent également riches en émotions, et en images magnifiques.

Texte : HL 
Photos : FL
 

dimanche 26 février 2017

013 - Sur la terre des rhinocéros

Notre petite chambrée s'éveille aux alentours des 7h30, après une bonne nuit de sommeil. Un vent violent se perd dans les grands arbres, et la température a bien chuté de 10 degrés, tout en restant à 22. Nous prenons un bon petit déjeuner en terrasse, sous un toit fait de gros rondins de bois, et de paille sombre. Une guide, grande, blonde, aux yeux clairs, nous conseille de nous rendre, dans la réserve « Hluhluwe game park », si nous voulons avoir une grande chance d'apercevoir les rhinocéros. 
La réserve est située à vingt minutes de voiture, nous sautons dans notre van, et prenons la route. L'objectif du jour : compléter notre « big five ». Un petit arrêt dans la petite ville animée de « Hluhluwe », pour y acheter de quoi préparer le repas du soir, dans notre maisonnée de rondin, et nous prenons la route. 


A peine franchit les limites de la ville, un petite girafe, juste au bord de la route, nous accorde un bonjour en étirant son long cou. Cela nous rend plein d'optimisme pour la suite de la journée qui s'annonce.

Trente minutes plus tard, nous arrivons à « Mémorial gate », porte d'entrée de la réserve. Après les formalités d'enregistrement, et de permission d'entrée, nous nous avançons avec l'espoir de belles rencontres. Et notre première rencontre est tout simplement magique. A cent mètres de nous, une lionne arpente la savane avec tranquillité, et grâce.  Tout à coup, elle lève la tête et rugit en direction des montagnes. Devant elle, une seconde lionne apparaît, et vient la rejoindre. Réunies, elles se dressent côte à côté, et fixent l'horizon. Mais, nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car une troisième lionne se joint au groupe. L'image est tout à fait exceptionnelle. Nous suivons leur progression, dans ce décor verdoyant et herbeux. De gros nuages gris ont envahi le ciel, et ajoutent à cette scène, une couleur âpre. Le silence règne, et les trois lionnes se déplacent à l'unisson, se rapprochant de nous, jusqu'à traverser la piste à quelques mètres de notre véhicule. Il émane de ces animaux une telle sérénité, que nous ne pensons même pas au fait que nous nous trouvons en présence de bêtes sauvages. Tout doucement, le trio s'éloigne. Nous restons quelques secondes sans voix, certains d'avoir vécu un instant de grâce.



Désormais convaincus que cette journée pourrait bien être exceptionnelle, nous reprenons la piste. Des deux côtés de la route, les impalas, (petites antilopes à la robe brune, rayée de bandes blanches verticales), s'immobilisent pour nous regarder passer. 

Aux détours d'un virage, nous apercevons une forme en mouvement, au pied d'un arbre puissant. Jumelles à l'appui, nous distinguons clairement notre premier rhinocéros. Il s'avance de quelques mètres, dévorant l'herbe grasse, disparaît derrière un buisson, pour réapparaître un peu plus loin, avant de s'évanouir définitivement dans de hauts fourrés. Dans une petite ligne droite, un énorme buffle se déplace de touffe d'herbe et en touffe d'herbe. Nous passons à un mètre de lui, sans qu'il ne réagisse vraiment à notre présence.




Pourtant, nous ne pouvions alors imaginer ce qui nous attendait un peu plus loin. Au bout d'une petite montée, à notre gauche, nous attendent une couple de rhinocéros. A deux mètres de notre voiture, ils arrachent l'herbe et s'avancent vers nous, à toucher le véhicule. Un instant magique sous nos appareils photos. Nous restons là, silencieux, et éberlués par ce spectacle qui semble s'éterniser. Au bout de longues minutes, nos deux rhinos tournent les talons, pour disparaître comme ils étaient venus, dans la haute végétation alentour. Nous les laissons s'éloigner, encore sous le coup de cette apparition.






La route se poursuit dans de vastes étendues de savane. Au bout d'un longue ligne droite, une belle girafe attire notre regard, nous obligeant à un nouvel arrêt. Nous découvrons un véritable tableau africain. En fait de girafe, ce sont quatre girafes qui sont rassemblées autour d'un bosquet. A leurs pieds, impalas et zèbres se sont regroupés, profitant des hautes herbes. 




Nous avançons encore un peu. Notre route enjambe un petit cour d'eau où sur un rocher, un crocodile du Nil, profite des rares rayons de soleil. Il est bientôt rejoint par un second, gueule ouverte, qui s'extirpe de l'eau et se glisse sur un autre rocher tout près.



La route se poursuit. Nous croisons un véhicule qui nous signale la présence de deux rhinocéros, sur la gauche de la piste. A peine cette voiture disparue, que deux rhinocéros mâles surgissent devant nous sur la piste, à un mètre de notre voiture. Le duo s'approche de nous à effleurer la carrosserie, puis décident de croiser et s'enfoncer dans les buissons. Là encore, nous avons une chance extraordinaire d'approcher aussi près les rhinocéros. 

 
Il est maintenant environ 16 heures. Nous avons passé près de 6 heures dans la réserve, et parcouru plus de 100 kilomètres. Au retour dans notre lodge, c'est un sentiment de satisfaction et d'émerveillement qui domine. 
Avant la tombée de la nuit, nous organisons une petite balade autour du parc, où nous surprenons, des buffles, impalas et koudous. Un petit repas autour d'un plat de pâtes et de crudités, dans notre petite maison en rondins de bois, clôturera cette  belle journée. 
Demain, nous poursuivrons notre aventure vers le nord, en passant par le Swaziland, petit pays limitrophe, où nous passerons la journée.

Texte : HL
Photos : FL - Des photos d'Hélène beaucoup plus belles seront rajoutées dès que le débit internet le permettra.

samedi 25 février 2017

012 - A la rencontre des hippopotames

Le soleil disparaît lentement derrière les grands arbres. La piste de terre rouge se confond peu à peu avec la lumière descendante. Depuis quelques minutes, nous cherchons notre route, un peu perdus, impatients de trouver l'entrée de notre lodge « Ezulwini Game Lodge ». Après quelques indications demandées à des guides et des « marcheurs de bords de route », nous finissons par arriver devant la porte d'entrée. Tout à coup, à notre droite, deux girafes se dressent, terminant leur repas du soir. Un dernier petit bout de piste, et nous voilà gentiment accueillis par une dame et son aide de camp, nous offrant un petit jus de fruit de bienvenue.
Soulagés d'être enfin parvenus à destination, nous nous remémorons la journée, autour d'un bon repas. Il est 20 heures, et il fait encore près de 25 degrés. Au plus fort de la journée, le thermomètre a fleurté avec les 36 degrés.
Quelques heures plus tôt, nous étions partis de Ballito vers les 9h du matin, en faisant un petit arrêt par la magnifique plage de « Salt Rock », où déjà de nombreux sud-africains, profitaient du soleil. Les familles convergeaient vers la plage, armées de serviettes, parasols, et glacières, pour y passer cette belle journée de samedi. De nombreux surfeurs glissaient sur les vagues, sous la surveillance des équipes de sauveteurs, qui annonçaient une eau à 21 degrés. 




Il nous fallait tout de même reprendre la route, pour être certains d'arriver dans les temps à notre prochaine étape.
Cette fin de matinée, la nationale 2 était désertée par les camions. Notre moyenne s'en ressentit, et c'est vers midi, que nous arrivions à Sainte Lucia, pour y rencontrer les hippopotames. Au téléphone, le responsable de la balade en bateau, nous avait averti que les hippopotames n'étaient pas toujours visibles, et qu'il ne garantissait pas leur présence. Nous voulant optimistes avant tout, nous avons embarqué sur un grand bateau bleu, sillonnant les eaux de l'estuaire. Il n'a pas fallu longtemps, avant que nous apercevions au loin, une masse sombre, puis deux, puis trois. Plus le bateau s'approchait, et plus nous arrivions à distinguer, ce bien étrange animal. Son large museau sortant de l'eau, puis ses yeux, et enfin, ses petites oreilles rondes comme secouées de spasmes. Le spectacle était superbe. Le bateau s'était approché au plus près, et nous avons profité pleinement de ces images. Plus loin, les femelles étaient réunies en cercle. Les petits étaient disposés au centre, afin de les protéger de leur prédateur le plus redoutable : le crocodile. Pourtant, il faut savoir que l'hippopotame reste l'animal le plus meurtrier d'Afrique pour l'homme, faisant chaque année de nombreuses victimes (près de 2000). Une magnifique et dense mangrove s'avançait sur chacune des rives de l'estuaire. On pouvait facilement imaginer que de nombreux crocodiles s'y cachaient. Au bout de deux heures, en tête en tête avec les mastodontes, nous avons regagné l'embarcadère, heureux de cette belle expérience. 





A partir de là, nous ne reverrons plus la mer. Notre voyage change d'âme et d'environnement. Les prochains jours vont être consacrés à la découverte des animaux de la Savane, dans d'immenses réserves, comme le parc Kruger. 
Pour l'instant, c'est vers Hluhluwe que nous nous dirigeons, alors que déjà, le soleil glisse doucement vers un nouveau jour, de l'autre côté du globe. Nous allons rester deux jours sur place. Cela nous permettra de bien nous reposer, avant d'entreprendre la dernière partie de notre séjour, avec pour point final Johannesburg.


Texte : HL
Photos : FL

vendredi 24 février 2017

011 - En pays zoulou

Durban, déploie ses tentacules citadines, sur lesquelles des milliers de véhicules avancent à l'unisson. Parfois large de cinq voies parallèles, l'autoroute périphérique ne parvient pas à évacuer le flot de voitures de cette fin d'après-midi. Depuis maintenant près d'une heure, nous progressons au milieu de ce raz de marée de carrosseries, avec l'espoir de pouvoir nous extirper au plus vite de la masse.
Pourtant, ce matin, en quittant les hautes montagnes, nous étions loin d'imaginer nous retrouver quelques heures plus tard, plonger dans les méfaits de la civilisation.
La nuit fût bonne. Les cris des pintades au cou bleuté firent office de réveil. Nous avons pris la route vers les 9h30, pour traverser la province du « Kwazulu Natal », en direction de la côte, et la région de Durban. Nous allons entrer dans le pays Zoulou. D'ailleurs, les noms imprononçables des villes que nous avons traversées, à consonance Afrikaner, sont ici très vite remplacés par des noms zoulous, tout aussi imprononçables. 
Nous faisons une première halte près de la petite ville de Howick. Nous y admirons une chute d'eau de près de 95 mètres de hauteur, qui fait la réputation de la bourgade, et lui permet d'attirer les touristes. 


Cette cité tranquille possède un deuxième attrait, historique cette fois. C'est là, que Nelson Mandela fût arrêté en 1962, sur dénonciation, pour être emprisonné,  alors qu'il tentait d'échapper à la police, déguisé en camionneur. Un musée de l'apartheid y est installé (actuellement en travaux d'agrandissement). Une sculpture originale marque cet épisode de l'histoire de Mandela. De hauts poteaux en fer, sont plantés dans le sol. Si on les regarde à un endroit précis, on voit apparaître en dégradé le profil de Madiba, plus connu sous le nom de Nelson Mandela. Ce nom de Madiba, est son nom de clan tribal, et représente la marque d'un profond respect. Le lieu est chargé d'histoire. Jeunes et vieux, blancs et noirs, touristes ou locaux s'y croisent, et ne manquent pas d'y poser pour la postérité familiale. 


Un peu plus loin, après avoir un peu affolé notre GPS, nous prenons la route des mille collines, et ses vallons verdoyants. La circulation y est nettement plus tranquille. Sur ces petits monts arrondis où paissent de robustes vaches, des villages colorés, faits de petites huttes rondes aux toitx de chaume, se succèdent. Au bord des routes, les hommes conduisent les troupeaux, les enfants jouent, les femmes portent des fardeaux. C'est la vie des campagnes, si éloignée et pourtant géographiquement si proche de la folie citadine des environs de Durban. Nous dépassons de nombreux taxis collectifs qui déposent les collégiens rentrant au village en cette fin de semaine, et embarquant les travailleurs. Ici, nous ne croiseront qu'une population essentiellement noire. Les enfants nous font bonjour de la main, semblant s'interroger sur notre présence. La route épouse les contours des collines, et reste très agréable.







Nous poursuivons sur quelques kilomètres, avant de tomber nez à nez sur la folle circulation de la nationale 3. Nous parvenons néanmoins à sortir du trafic. Bien fatigués, mais tout heureux d'être là, nous garons notre véhicule devant la superbe maison d'hôte, qui va nous abriter pour la nuit.
Rien de mieux qu'un magnifique plateau de fruits de mer, sur une terrasse surplombant l'océan indien, et patinée par l'air marin, pour nous refaire une petite santé. Filet de poisson, moules à la crème, beignets de calamars, et langoustines grillées, se partagent notre assiette, avec pour compagnon, un bon et frais « Sauvignon blanc ». Nous sommes pour quelques jours, sur la coté Ouest du pays. Demain, avec de la chance, nous pourrons voir les hippopotames.


Texte : HL
Photos : HLN et FL

jeudi 23 février 2017

010 - Lieux magiques

Depuis que nous avons abandonné derrière nous la nationale 1, pour emprunter la nationale 5, le ballet des gros camions a fortement diminué. La nationale 1 débouche directement sur Johannesburg, et le flot de camions est incessant. Pendant près d'une heure, nous avons joué à saute mouton avec les gros porteurs tirant longues remorques, pleines de produits divers. 
Notre route nous emmène vers la province du Drakensberg, connue pour ses très hautes montagnes qui culminent à près de 4000 mètres d'altitude. A partir de la ville de Bethléem, nous quittons la nationale pour entrer dans le parc du « golden gate ». D'immenses champs de tournesol bordent la route, séparés les uns des autres par les plantations de maïs. 


Une route sinueuse s'élève en douceur,  jusqu'à nous offrir en son point culminant, une vision féerique sur des falaises abruptes, jaillissant d'une terre rouge, et laissant en son cœur s'écouler une rivière gonflée par les dernières pluies. Le soleil écarte les nuages pour s'inviter à la fête. Nous avançons au milieu des murailles de pierre, et à chaque panorama, de larges vallées verdoyantes délivrent des images changeantes. 






Les pâturages à flanc de collines nous rappellent les régions alpestres et, d'ailleurs, nous traversons une vallée baptisée « la petite Suisse ». La dernière montée absorbée, nous voyons apparaître devant nous, une immensité herbeuse avec, barrant l'horizon, la chaîne de hautes montagnes matérialisant la frontière avec le Lesotho. Au fonds d'une vallée, nous croisons de très nombreux écoliers de tous âges, dans leur uniforme bleu, quittant leurs écoles, pour rejoindre, à pied, leurs différents villages. Nous sommes à peine sortis de ce décor majestueux, que déjà, nous arrivons à l'entrée du « Royal Natal National Park ». Comme toujours à l'entrée des parcs nationaux, nous devons passer un contrôle, avec prise du numéro d’immatriculation de notre véhicule, nom de famille, déclarer le nombre de jour que nous prévoyons de rester, avant de pouvoir poursuivre notre route. A partir de là, l'étroite route s'élève, entourée d'une végétation luxuriante. Des dizaines de petites ruisseaux descendent en cascades à travers les arbres, pour se jeter dans la rivière qui occupe les gorges, un peu plus bas. Les récentes précipitations ont fait gonfler le petit cours d'eau, dont le grondement incessant emplit la vallée. Tous les buissons, toutes les plantes, semblent sortir la tête pour se sécher sous les rayons du soleil. Deux petites biches mangent tranquillement en bord de route, et ne nous accordent aucun regard. 






Nous parvenons à notre habitation, petite maison au toit de chaume, encerclée par des singes babouins, occupés à  se nourrir d'herbe fraîche. Notre présence ne les dérange en aucune façon, et ils nous regardent d'un air amusé, porter nos valises jusqu'à notre petite maison. 


La fin d'après-midi est proche, nous profitons du calme environnant, et de la bonne température pour une petite balade. Nous ne pourrons faire la randonnée prévue pour monter jusqu'à l'amphithéâtre, cirque naturel, à une altitude de 2972 mètres, où se jettent dans le vide, les « thukela falls », séries de cascades, les deuxièmes plus longues du monde. Les chemins sont trop ravinés, et entreprendre une telle marche pourrait s'avérer dangereux, d’autant plus que le dénivelé est vraiment important. 
Demain, nous laisserons les montagnes à leur quiétude, pour cheminer vers la côte Ouest, au cœur du « Kwazulu Natal ». Nous ferons étape à Ballito, petite station balnéaire, sur l'océan indien.


Texte : HL
Photos : HLN et FL

mercredi 22 février 2017

009 - Sur la route du Nord

Il est environ 9h30, lorsque nous quittons la petite ville de Cradock, sous un ciel où le bleu domine, quoique parfois bousculé par de gros nuages. Après une nuit agréable, dans notre petite maison, et un copieux petit déjeuner, nous prenons la route pour Bloemfontein. 
Cette ville de Cradock nous laisse un sentiment mitigé, avec ses rues presque aussi larges qu'une voie d'autoroute, son style de maisons purement afrikaner, ses quartiers délabrés, peu entretenus, où semble vivre une population à majorité noire, et de grandes maisons aux jardins strictement quadrillés, défendus par des chiens énervés, de hauts murs et clôtures électrifiées. Deux mondes paraissent se côtoyer, en se regardant vivre. 



Avant de quitter nos hôtes, une gentille dame nous conseille un itinéraire nous permettant d'éviter la nationale 1, où les camions des compagnies de transports se suivent et se ressemblent. Nous avons eu bien raison de suivre ses indications. La route est presque déserte, et traverse des paysages magnifiques. Nous évoluons au milieu de grandes immensités herbeuses, secouées par un vent rasant. Ovins et bovins se partagent l'espace, en toute quiétude. 



Au bout de deux heures de route, entre plaines et collines, nous faisons halte à « Gariep Dam », pour admirer le plus grand lac artificiel du pays, qui, entre autre, fournit l'eau à la ville de Cradock. 


Nous prenons la route pour la réserve naturelle, où l'on nous promet de voir les fameux « Springboks », petites gazelles à la fourrure banche et jaune, traversée d'une ligne noire. Ce splendide animal est l'emblème de l'équipe de rugby d'Afrique du Sud. A peine franchit l'entrée de la réserve naturelle de « Gariep Gam », qu'un petit springbok vient nous saluer en guise de bienvenue. Une centaine de mètres plus loin, nous nous trouvons nez à nez avec un troupeau d'antilopes, aussi surpris que nous de ce face à face inattendu. Elles nous dévisagent, avant de s'engouffrer dans les buissons à gauche de la piste. Là, elles picorent dans les branchages, ignorant notre présence. Quand tout à coup, sans que nous sachions vraiment pourquoi, les voilà qui détalent les unes derrières les autres, et traversent la piste devant nous, d'un seul bond aérien et léger. Le spectacle est fantastique, tout droit sorti d'un dessin animé. 





Un peu plus loin, un zèbre des montagnes et son petit broutent l'herbe grasse et d'un vert profond. Notre présence semble déranger la mère. Elle s'éloigne rapidement suivi de son petit qui a toutes les peines du monde à la suivre dans les gros rochers. Il doit être encore jeune, et ne quitte pas l'ombre de sa mère. 


Nous avançons et retrouvons nos amies les autruches, avant qu'un solide buffle solitaire n'apparaisse dans les hautes herbes. Lui aussi, nous fixe avec détermination. 


Une famille de zèbres des montagnes passent près de lui. Ces zèbres sont différents de leurs cousins que nous avons pu approcher hier dans la réserve d'Addo. Les rayures de leur robe sont différemment disposées, ils semblent plus robustes, et possèdent de petites oreilles arrondies. Aux détours de la piste, c'est un véritable ballet qui nous attend. Des centaines de springboks et d'antilopes tapissent un coin de verdure, et forment dans leurs courses, de véritables vagues jaunes, noires et brunes. Nous stoppons et admirons le spectacle, alors qu'à notre gauche, un troupeau de buffles avancent lentement dans la lumière franche du soleil. 


Le tour de cette petite réserve nous a pris une bonne heure. C'était une belle surprise, car y parvenir n'est pas très facile. Les indications routières permettant de s'y rendre étant rares. Nous rejoignons notre route, direction Bloemfontein. Nous roulons dans la région appelée « l'Etat libre ». Au bout d'un heure, nous quittons notre tranquille départementale, pour la nationale 1, où comme prévu, nous partageons le bitume avec de nombreux camions. Il est 16h30, lorsque nous nous mêlons à la circulation bruyante de Bloemfontein, capitale judiciaire de l'Afrique du Sud. Une ville que nous n'aurons pas le temps de visiter, mais qui s'annonce aussi neutre et encombrée que n'importe quelle ville du monde. D'immenses panneaux publicitaires, des centaines de voitures agitées, des enseignes connues dans le monde entier, bref, rien de nouveau sous le soleil. Nous trouvons assez rapidement notre hôtel, un établissement de chaîne hôtelière sans charme, mais très confortable, ce qui nous permettra de nous reposer après cette longue route. 
Le parcours de demain, dépasse également les 400 kilomètres. Nous allons longer la frontière du LESOTHO, étrange petit pays, entièrement encerclé par le territoire de l'Afrique du Sud, et nous rendre dans les montagnes du Drakensberg.


Texte : HL
Photos : HLN et FL