dimanche 1 février 2015

19 - Agra, au delà du Taj Mahal

Il fallait que ça arrive, nous entamons notre dernier jour de voyage au Rajasthan. Demain, nous quitterons Agra pour New Delhi, et nous prendrons 'avion qui nous ramènera en France, via Doha au Qatar.
Ce matin, il fait à nouveau beau et chaud, mais la brume trouble légèrement la vue sur le Taj Mahal. Nous avons eu beaucoup de chance hier !
Pour cette dernière journée à Agra, nous visitons le deuxième site incontournable de la ville : le fort rouge. Impressionnante citadelle, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. De ses interminables remparts, le fort d'Agra est le fleuron de l'architecture moghole, et de son troisième empereur, Akbar le Grand. Tout y est démesuré et offre une vue imprenable sur la ville et sur la rivière Yamuna qu'il domine. L'organisation architecturale moghole s'y répète avec les cours pour audiences publiques et privées, harem et jardins. Il faut imaginer la forteresse au temps de la splendeur de la dynastie moghole, avec les eaux de la Yamuna venant lécher les murs du fort. Aujourd'hui en raison des saisons sèches et des barrages en amont, la rivière est presque à sec. Seules les blanchisseuses s'activent au bord du maigre filet d'eau, pour laver d'immenses pièces de tissus colorés, et les faire sécher sur les buissons ou à même la terre. Arpenter le fort rouge en le visitant pièce par pièce doit demander plus d'une journée. Nous y passons la majeure partie de la matinée en profitant pleinement de cette promenade dans le temps, imaginant la vie des empereurs moghols Akbar, Jehangar ou Shah Jahan qui ont chacun laissé leur empreinte dans le fort : le premier a utilisé le grès rouge pour sa construction, le deuxième a agrandi en mêlant le grès rouge et le marbre blanc, le troisième a préféré la sobriété du marbre blanc. Ce dernier y fut d'ailleurs retenu en résidence surveillée par son propre fils. Du balcon des appartements où il était prisonnier, il eut la consolation de voir s'élever le précieux mausolée de sa bien aimée : le Taj Mahal. C'est également dans ce fort que Shah Jahan rencontra pour la première fois, celle qui devait lui inspiré l'amour infini : Mumtaz Mahal, qu'il épousa alors qu'il avait dix neuf ans et elle, quinze. Aujourd'hui, beaucoup de monde est venu visiter le fort. Ce beau dimanche ensoleillé permet aux indiens de découvrir leur patrimoine en famille. Nous terminons notre balade, en traversant la Mosquée, le Bazar, et les dernières terrasses.
Nous continuons notre visite par le mausolée d'Itimad-ud-Daula, dit «petit Taj Mahal», situé non loin de là. Il constitue pour ainsi dire la maquette du futur Taj Mahal. Entièrement en marbre, la finesse de son architecture et de ses décors incrustés de pierres précieuses, en font un véritable chef d'oeuvre. Ici, le mausolée a été édifié par une fille en hommage à son père. Pour mémoire, la construction du Taj Mahal a été ordonnée par un époux en mémoire de son épouse et le tombeau d'Humayun à Delhi a été édifié par une épouse à la gloire de son mari.
Quelques minutes plus tard, après avoir traversé la rivière Yamuna, par l'un de ses ponts, nous nous retrouvons sur l'autre rive, avec une vue sur l'arrière du Taj Mahal. Nous ne pouvions quitter l'Inde sans avoir auparavant saluer une dernière fois, avec respect et admiration, ce Taj Mahal qui restera pour nous, notre plus belle rencontre Indienne.
 Texte Henry Lavesque, Photos Hélène Gros, Fabienne

18 - Le Taj Mahal

Abandonnant derrière nous la cité abandonnée, nous entrons dans Agra. Nous dépassons à peine les premières maisons de la ville que déjà, nous sentons sa présence. Agra, ville de plus d'un million d'habitants est connue pour la fabrication de chaussures, et nous croisons d'ailleurs d'innombrables rickshaw, croulant sous le poids de monticules de boites à chaussures bien ficelées. Mais, rien n'y fait, ni les vendeurs de chaussures, ni la misère des bidonvilles de l'entrée de la cité, ne parviendront à nous détourner de ce qui nous attend. Nous le sentons s'approcher. Notre bus semble comme attiré. A chaque détours de rue, nos regards le recherchent, et, tout à coup, nous l'apercevons, fugacement, comme s'il jouait avec nous. Quelques minutes plus tard, nous marchons vers lui. Enfin, au bout du chemin, le graal de notre voyage nous apparaît, le Taj Mahal. Il est seize heures trente, le soleil va bientôt entamer sa lente descente, en apportant sa lumière de feu. Le spectacle grandiose va pouvoir commencer, et nous, nous sommes là, aux premières loges. Avant de pénétrer dans l'enceinte, nous nous plaçons devant la porte monumentale de grès rouge, pour admirer la perspective sur le Taj Mahal. Notre guide, en nous narrant l'histoire des lieux, a les yeux qui brillent. Nous ressentons toute sa fierté de nous parler de Son Taj Mahal. Passée la grande porte, c'est un enchantement, une émotion envoûtante. Des frissons parcourent le corps et le coeur. Nous sommes devant une des merveilles du monde et, à n'en pas douter, nous touchons au merveilleux. Dieu que cet homme a du aimer cette femme, pour lui dédier un tel joyaux ! Ce que sa souffrance de perdre sa bien aimée, a du être terrible, pour lui offrir ce fabuleux mausolée ! La mélancolie qui glisse sur le Taj Mahal, vous étreint au premier regard, et comme dans toutes les histoires d'amour qui emplissent l'histoire du monde, on se laisse aisément porter par tant de passion. L'empereur Sha Jahan a fait construire ce tombeau-jardin en l'honneur de sa jeune épouse disparue. Le Taj Mahal, s'il fut édifié par un homme, n'en exprime pas moins la douce féminité à laquelle il fut dédié. La grâce, la finesse et la légèreté de l'édifice, sa blancheur presque pâle, la poésie des jardins reposant à ses pieds, c'est tout l'amour du monde que l'on a déposé ici. Vraiment, notre graal est bien là, sous nos yeux. De ce voyage, nous rapporterons mille photographies, et de nombreuses encore de ce fabuleux mausolée. Pourtant, aucune ne pourra exprimer la sensation de beauté, presque violente car inconnue jusqu'ici, qui étreint au premier regard posé sur le Taj Mahal.
Dans notre chambre d'hôtel, alors que la nuit est tombée depuis plusieurs heures, nous ressentons sa présence, à quelques centaines de mètres. Demain, nous reviendrons à nouveau te saluer, Taj Mahal. Demain, nous reviendrons.
Texte Henry Lavesque, Photos Hélène Gros, Fabienne Lavesque