vendredi 11 mai 2018

Jour 06 - La villa Hermès

Pour cette dernière journée viennoise, nous nous écartons un peu du centre ville, et des « sentiers battus », toujours sur les traces de l'impératrice Elizabeth. « Sissi » demeure incontournable à Vienne, et si, de son vivant elle ne fût pas bien aimée du peuple, son assassinat et l'adaptation romanesque de sa vie au cinéma, parvinrent magistralement à retourner la situation. Aujourd'hui, elle incarne Vienne, et son image supporte la riche histoire du Pays et des Habsburg.


A l'écart de la ville, et à quelques kilomètres de Schönbrunn, François-Joseph avait fait bâtir pour son épouse, une magnifique villa, que Sisi fît nommée Villa Hermès. (elle y imposa la mise en place d'un statue d’Hermès, dieu du voyage). L'empereur pensait ainsi retenir Elizabeth à ses côtés, et lui faire oublier ses envies de voyages. L'impératrice était très souvent absente, désireuse de se tenir loin de la cour et de ses impératifs.






On accède à la villa, par divers sentiers de terre, serpentant une nature à l'état sauvage. Les bosquets de grands épineux, succèdent à des prairies de hautes herbes où se disputent mille fleurs. Les oiseaux donnent leur récital, les écureuils grignotent les boules de pins, et au loin, biches et cerfs gambadent joyeusement. Un véritable tableau de dessin animé. Pourtant, c'est ainsi, et après une petite marche, la « villa Hermès » apparaît dans toute sa splendeur. 






A l'arrière du bâtiment, un petit jardin est entouré de constructions basses qui devaient être les écuries, disposées en arc de cercle. Au devant, un jardin beaucoup plus étalé, ceint de grands arbres, découpé à la Française, offre à la villa son écrin de verdure. La villa Hermès se visite, et il faut la visiter. 
Bien entendu, le portrait de femme irascible d’Elizabeth se confirme, et l'on retrouve, ici aussi, les pièces liées à son obsession du culte du corps (Salle de sport et de soin). Ainsi, elle ne voulait jamais peser plus de cinquante kilos, pour une taille de 1m70. Pour cela, elle passait d'un régime à l'autre, et pouvait se nourrir d'un seul jaune d’œuf pour quelques jours.
Les pièces de la villa sont richement décorées, sans pour autant présenter une richesse ostentatoire. Les peintures aux murs, la marqueterie, les statues... tout ici a été choisi avec goût et finesse, et avec le souci du bien être de ceux qui y vivaient. La villa était un lieu de repos. De nos jours, cela se ressent encore. Tout y est paisible. Il est d'ailleurs étonnant de rencontrer si peu de visiteurs, ce qui permet d'apprécier davantage le lieu. Les tours organisés semblent éviter la « villa Hermès ». Pour nous, ce sera peut-être notre plus belle rencontre viennoise. 








Nous nous y attardons d'ailleurs au cœur de l'après-midi, pour déguster en terrasse de la villa, et sous un soleil généreux, des plats typiques de la cuisine Autrichienne : « Bärlauchnokerl mit schafkäse » et « wildschweinknödel » (Difficile à prononcer, à expliquer, mais vraiment délicieux).



Nous parcourons le petite sentier du retour pour faciliter la digestion, et quelques stations de tramway plus tard, nous voici « Karlsplatz », au cœur de Vienne, à la rencontre d'un personnage bien connu des Viennois : Otto Wagner. 



Cet architecte, né en 1841 et mort en 1918, a été à l'origine de l'art nouveau viennois. Son matériau de prédilection était le fer, qu'il peignait toujours en vert : « Vert pomme ». On lui doit un nombre incalculable de créations : Bâtiments privés ou officiels, stations de métro, ponts, mobilier, réorganisation et création d'espaces publics. On retrouve des créations d'art nouveau comparables à celle d'Otto Wagner, dans quelques lieux à Paris (Montmartre par exemple). Un de ses pavillons autrefois station de métro, est aujourd'hui transformé en un petit musée où l'on comprend mieux l'architecte visionnaire que fût Otto Wagner.



Il est bientôt la fin de l'après-midi. Nous avons rendez-vous au « Time travel ». Comme présenté sur les brochures, cela pourrait ressembler à un attrape touristes. C'en est un, certes, mais joliment bien fait. L'avantage pour conclure un séjour à Vienne, c'est que cette animation récapitule toute l'histoire de la ville, tous les lieux visités, avec bien entendu, des anecdotes et des histoires propres à la ville. L'expérience de l'abri-bunker, sous les bombardements alliés, à la fin de la guerre, ne laisse pas indifférent.
Peu à peu, la nuit envahie les rues de la capitale Autrichienne. Un dernier «Apérol Spritz », sur le boulevard, au son d'une joyeuse fanfare, et nous retrouvons notre marchande de saucisse de la veille.



Demain matin, notre aigle décollera, pour se poser dans la ville lumière : Paris.

Vienne est une magnifique ville, dotée d'un patrimoine architectural qui la place aux côtés de Paris ou Rome.
Pour apprécier Vienne, il faut « jouer le jeu ». Se laisser porter par les valses de Strauss (et la marche de radzesky!), les sonates de Mozart, et les symphonies de Beethoven. Il faut être curieux des œuvres de Gustav Klimt, d'Egon Schiele et tous les autres peintres autrichiens. Prendre le temps de savourer un petit café, un café viennois (même si le café est cher), un « Apérol Spritz », ou un petit vin blanc tout droit venu des villages Vignerons. Se laisser entrainer dans l'histoire des Habsburg, et de l'incontournable « Sissi ». Savoir lever les yeux pour découvrir les détails des façades des palais ou des grands immeubles « art déco ». Se laisser prendre par l'ambiance tour à tour baroque, guerre froide et roman d'espionnage. Il y en a pour tous les goûts à Vienne, pour peu que l'on veuille bien être curieux.
Sans cela, Vienne ne serait qu'une ville de plus.

jeudi 10 mai 2018

Jour 05 - A Schönbrunn




A l'origine, « simple » pavillon de chasse aménagé, détruit par les ottomans, le château de « Schönbrunn » est devenu au milieu du 18ème siècle, la résidence d'été officielle de la famille impériale. L'impératrice Marie-Thérèse y séjournait de temps à autres, alors que l'empereur François-Joseph s'y installa définitivement, pour un règne de 68 ans. 



Sur les mille quatre cent pièces, seulement quarante sont ouvertes au public. Il faut savoir que la cour impériale, pour les séjours estivaux au château, rassemblait plus de mille cinq cent personnes. On comprend mieux la démesure. Les appartements délivrent des secrets de la vie de la famille impériale, et notamment celle de François-Joseph et d’Elizabeth « Sissi ». On découvre le cabinet de toilette de la jeune impératrice, tout entier consacré aux soins, et à l'entretien de son corps. La coiffure d’Elizabeth était si longue, que la coiffer demandait une journée entière. Obsédée par sa ligne, elle n'apparaissait que rarement aux repas de famille. François-Joseph en était pourtant particulièrement amoureux. Apprenant son assassinat à Genève par un anarchiste Russe, l'empereur aurait confié à son aide de camp : « Vous ne pouvez savoir combien j'ai aimé cette femme ! ». L'empereur eut une vie assez sombre, perdant son frère Maximilien, fusillé par les révolutionnaires Mexicains, sa femme assassinée, et son fils unique qui se suicida (à Mayerling).
A noter dans une des pièces, le portrait de Marie-Antoinette, une des filles de l'impératrice Marie-Thérèse, qui devint l'épouse de Louis XVI.


Les intérieurs  du château sont superbes, et chaque pièce rivalisent de luxe et de beauté. Sa conservation est étonnante. Il faut dire qu'il fut le cadre d'évènements historiques encore récents, comme la rencontre Kennedy/Khrouchtchev en 1961, qui ne trouva aucune solution à la question Allemande. Deux mois après cette rencontre, l'édification du mur de Berlin devait commencer.
Tout autour du  château s'étendent les jardins dans le style « à la Française ». La promenade est très agréable, et on peut vite s'imaginer croiser Marisa Berenson au bras de Ryan O'Neal, sur une musique de Haëndel (« Barry Lindon »). Une magnifique orangeraie, la vue imprenable sur le château et sur Vienne, une fois atteinte la gloriette, la palmeraie, le labyrinthe...les visites sont nombreuses et témoignent toutes du faste de la cour à l'époque impériale.

















Schönbrunn signifie « belle fontaine », car le château fût édifié à l'emplacement d'une source. La visite de Schönbrunn est incontournable, et qui vient à Vienne doit y consacrer au moins une journée.


C'est en fin d'après-midi que nous quittons ce haut lieu de l'art baroque. Les visiteurs étaient nombreux, mais l'immensité du château, et la parfaite organisation autrichienne, permettent de gérer le flot des curieux. Schönbrunn est un magnifique château, parfait témoin de l'histoire des Habsbourg. Il n'atteint cependant pas la démesure de Versailles, qui reste inégalable.


Avant d'achever cette journée, nous nous arrêtons au « kunsthistorisches museum » (plus simplement : Musée des collections historiques), qui abrite toutes les collections impériales. Malgré ce que l'on pourrait croire, cet immense édifice de la fin du 19ème, n'est pas un palais. Il a été construit pour être un musée, ce qu'il est, depuis son ouverture. Si on le souhaite, on peut juste visiter le bâtiment, sans tenir compte des nombreuses expositions. Le hall d'entrée aux fresques murales, notamment réalisées par Gustav Klimt (jeune), est un véritable joyaux. 












Le musée est situé au cœur de la Vienne traditionnelle, tout près du « Café Landtmann », où nous nous arrêtons, pour nous mettre à l'abri du tonnerre et des premières gouttes. Depuis mardi, l'orage de 18h00 est au rendez-vous après de chaudes journées presque estivales . Nous dégustons donc un excellent « Apérol Sprizer », tout en regardant tomber de lourdes gouttes orageuses. 


La colère du ciel terminée, nous rentrons tranquillement à la tombée du jour. Une dernière petite halte devant le kiosque d'une charmante petite dame nous permet de déguster les traditionnelles saucisses viennoises. 



Une jolie et succulente conclusion, bien dans la tradition de la ville.