vendredi 21 septembre 2018

011 - Urbino

Ce matin, nous avons un peu de route à faire pour nous rendre jusqu'à Urbino. 
Nous allons franchir la frontière de la Toscane, pour nous rendre dans la région des Marches. Un peu plus d'une heure de route, à travers de magnifiques paysages de moyenne montagne. Autour de nous, les champs sont labourés, et il y a de l'activité dans les fermes, les vignes et les plantations. 




Arrivés au pied des remparts, "porta lavaigne", il nous faut gravir la "via battisti", qui présente une pente fortement abrupte.





Au bout  de "l'ascension", et de nos efforts, la "Piazza Rinascimento" s'ouvre devant nous. Tout en longueur, elle longe le "Palazzo ducale", pour se terminer sur la "Piazza duca Federico" et la cathédrale. 



Ces bâtiments forment un ensemble impressionnant. De hautes portes de bois s'ouvrent sur de multiples palais. Larges montées d'escaliers, pièces aux plafonds voutés avec leurs fresques d'époque, petits jardins suspendus, cours intérieures encadrées d'arches finement sculptées, Urbino recèle mille et un trésors.








La visite de la ville se poursuit vers la petite place de la république, avec le "palazzo del collegio Raphaello". 

Raffael est né à Urbino, et nous nous arrêtons devant la façade de sa maison natale, située à quelques mètres de la "Piazza San Francesco". 



Avant le repas, nous poursuivons notre promenade par les nombreuses petites ruelles, surplombées par des maisons aux façades de briques rouges. 
La brique est un élément essentiel de la ville d'Urbino. On la retrouve même au sol, sur les places et les rues.




Urbino, est une ville animée. Diverses universités et écoles sont installées dans les palais, et depuis notre arrivée, nous croisons de nombreux jeunes gens, enthousiastes, parlant fort, riant, chahutant. Tout cela crée une belle atmosphère, dans un décor  privilégié.  

Il est presque quatorze heure, voilà déjà trois heures que nous déambulons agréablement dans Urbino. Nous trouvons un  étonnant et accueillant restaurant-librairie, où nous dégustons un traditionnel risotto à la courge et au parmesan, dans une jolie cour intérieure, à l'abri des passages. 




Notre visite s'achève au milieu de l'après-midi. Il faut prendre la route du retour. 


Arrivés à Monterchi, nous prenons le temps d'un court arrêt, pour assister aux préparatifs de la fête de la Polenta. 
Une belle animation règne dans le village, les habitants s'activent pour la mise en place. Les couleurs jaune et verte sont de sorties. Drapeaux aux fenêtres, nappes sur les tables improvisées, petites échoppes colorées, tout se met en place pour la soirée, et les deux jours à venir. 

Quelques minutes plus tard, nous voici autour de la table de notre maison, avec la lune pour compagne, tous,  installés autour d'une délicieuse salade de courgettes à la menthe et à l'huile d'olives d'Anghiari.





jeudi 20 septembre 2018

010 - Gubbio et Montone

Après une matinée consacrée au repos, et une bonne omelette aux pommes de terre, nous prenons la direction de la petite ville qui sera le coup de cœur de notre séjour : Gubbio. 

Accrochée à sa colline, dominant une large vallée, Gubbio expose avec fierté ses hautes façades de pierres ocres.





La visite de la ville se fait sur plusieurs niveaux. On accède tout d'abord à la piazza "dei 40 martiri", importante place du marché, où se dressent l'église et le couvent San Francisco. A partir de là, des ascenseurs permettent l'accès au cœur de la ville. 

Au premier niveau, on débouche sur la piazza grande. C'est une immense terrasse suspendue, encadrée par deux palais, d'un côté le Palazzo dei consoli et, lui faisant face, le palazzo dei priori. 



Au second niveau, on parvient à la basilique Sant'Ubaldo, impressionnante de par ses dimensions, et la force qui s'en échappe. De nombreux, lourds et épais piliers en arc de cercle soutiennent l'immense édifice au décor épuré. 





En sortant de la basilique, on peut alors profiter des petites ruelles qui, doucement mais sûrement, redescendent vers la piazza grande.







Une surprenante tradition est rattachée à la ville de Gubbio. 
Une fois dans l'année, le quinze mai précisément, se tient "la corsa dei ceri" (la course des porteurs de cierges). Il s'agit d'une course opposant trois groupes, portant chacun un cierge, qui est en fait une énorme pièce de bois de trois cent kilos et de sept mètres de haut. La course débute sur la piazza grande, pour s'achever dans la basilique, et est soumise à des rites ancestraux, depuis une bataille du moyen âge gagnée par la ville de Gubbio sur celle de Pérouse. L'office de tourisme propose un petit film sur cette course. 
Une tradition étonnante, et chaque année, un engouement sans pareil.

Les ruelles et les places de Gubbio servirent de décors à Franco Zeffireli, pour le tournage de son "Roméo et Juliette", en 1968. 
On fête actuellement le 50ème anniversaire du film à travers la toscane, et les villes qui servirent de lieu de tournage. Une exposition reprenant les photos du film est d'ailleurs installée dans une belle église du centre de Gubbio.

De ruelles en places, nous parvenons au bas de la ville, et un "gelato", récompense nos efforts, avant de filer vers un autre petit village haut perché : Montone. 

Là, c'est une tout autre ambiance qui  nous découvrirons. Celle d'un petit village toscan à l'heure de la fin de journée et de l'apéritif. Au bout d'une rue escarpée, une petite place nous attend, avec son bistrot, son restaurant, ses commerçants qui, petit à petit et sans précipitation, rangent leurs étals dans leur boutique.



Derrière nous,  des messieurs d'un âge certain occupent trois tables du café, et disputent une partie de carte, avec tout le sérieux qu'il se doit. 



Tout à coup, sept heures sonnent à la cloche du village ; ces messieurs rangent leurs chaises, et naturellement, traversent la route pour entrer dans le café et y prendre leur apéritif. Quelques minutes plus tard, ils en sortiront, se salueront, et prendront chacun la direction de leur maison, respectant ce qui semble être une véritable tradition. 
Nous nous amusons de ce spectacle vivant.



Il est pourtant l'heure de reprendre la route pour retourner à Anghiari. Nous ferons une petite halte sur la place centrale, pour déguster une bonne pizza, et notamment la pizza de "la bataille d'Anghiari", avec oignons, fromage fondu, poivrons, et chorizo épicé.
La toscane s'endort. Nous n'allons pas tarder.


lundi 17 septembre 2018

008 - Sienne et San Gimignano

Sienne. C'est le joyaux de la toscane. Mais ce joyaux se mérite, et il faut être très attentif et patient, pour trouver une place afin de garer son véhicule. La chance nous sourit, et nous réussissons à nous placer pas très loin d'une des entrées principales.
Le cœur de la vieille ville n'est autorisée qu'aux voitures des résidents, ce qui limite considérablement la circulation, et permet une promenade plus qu'agréable. 
Aussitôt franchit le premier porche, nous basculons dans une autre époque, les pierres ocres des murs des maisons, les fenêtres aux persiennes brunes, les briques aux sols des ruelles, et de larges dalles grises pour les avenues, l'ensemble rend une incroyable unité parfaitement conservée.








Au dessus de nos têtes, défilent les luminaires aux couleurs des quartiers que nous traversons. Les quartiers ont leur importance à Sienne. Toute l'année, ils rivalisent de couleurs, de créations, et arborent fièrement les drapeaux de leurs blasons aux balcons. Le point culminant de cette « lutte fratricide », est le palio. Une brève course de chevaux, qui se prépare tout au long de l'année. Chaque cheval engagé dans la course, paré de ses plus beaux atours, et son cavalier, arborant un costume aux couleurs bigarrées, font la fierté du quartier, et porte sur leurs épaules une lourde responsabilité.

Tout à coup, au bout d'une étroite ruelle, presque sombre, une lueur aveuglante dispersée par un soleil incendiaire, nous accueille au pied du lieu qui fait la renommée de Sienne : la piazza del campo. La vision est renversante. La place s'étale, s'élance, s'enroule. Il faut laisser le regard s'ouvrir au plus large, afin d'en embrasser la totalité. Les maisons et palais qui l'entourent semblent retenus par un équilibre précaire, emportés par la pente assez raide qui descend en son centre, jusqu'au pied de « la torre del mangia ». Les badauds sont nombreux, et les langues du monde entier se mélangent pour exprimer l'impression dégagée par ce lieu unique. C'est ici, sur cette immense place que, chaque année et deux fois par an, a lieu le fameux palio. On se surprend à imaginer les dix cavaliers cravachant leurs montures, la foule criant ses encouragements, la violence des frottements au passage de chaque virage, la bave des chevaux poussés à leur maximum, le fracas des sabots battant le pavé, l'excitation,  la peur, le sable volant sur la foule, pour enfin, au bout d'une course sauvage, faite de sang et sueur, voir le cavalier vainqueur porté en triomphe, et son cheval revêtu de la couverture du premier. L'année sera belle pour l'homme et l'animal, élevés au rang de héros, et elle sera également belle pour le quartier.








Nous laissons s'estomper les cavalcades et les cris de nos pensées, pour poursuivre notre visite de "la Venise sans eau" comme l'appelait Dickens. Les boutiques sont nombreuses, maroquineries, chaussures, souvenirs, et bien entendu, les trattoria et ristorante, où se dégustent d'excellentes pastas ou pizzas, à la grande joie de la foule de touristes.
Au détour d'une rue passante, nous déboulons sur une place blanchie par le soleil de ce début d'après-midi. Devant nous s'impose la cathédrale del duomo. Lorsque l'on sait que cette énorme "bâtisse" ne constitue qu'une partie de la construction initiale, interrompue par la peste et un effondrement, on imagine difficilement la grandeur du projet architectural. Le noir et le blanc de la façade reprennent les couleurs de la ville de Sienne.







Nous déambulons dans la ville, profitant de ses trésors cachés : porches en pierre, petites statuettes dans les murs, blasons, le tout dans des odeurs, là de fromage, ici de cuir, et là-bas de vin.







 


L'après-midi s'avance doucement, et nous devons quitter la cité toscane, pour nous rendre au village de San Gimignano.
Malheureusement, et pour la première fois depuis le début de notre séjour, la pluie nous y attendait. Une pluie fine, automnale, contrariante. Parapluies ouverts, nous avançons sur la première place, où de larges arcades nous offrent un abri. Le village est très beau, médiéval, particulièrement bien conservé. La deuxième place, qui jouxte la précédente, est organisée selon le même plan, encadrée de maisons à trois ou quatre étages, trouées de nombreuses fenêtres protégées du soleil par les habituelles persiennes. 






La pluie nous chassera assez vite, pour tout à coup s'enfuir dès que nous aurons franchi les limites de la ville, laissant place à un magnifique arc en ciel, semblant s'échapper d'une des tours. Ce sont ces tours qui caractérisent San Gimignano. Chacun des seigneurs de la ville s'était fait ériger une tour afin d'attester aux yeux de tous, de sa puissance et de sa richesse.