lundi 26 janvier 2015

12 - Chemin faisant, vers Udaipur...

Pour une fois, le soleil s'est levé avant nous, et c'est sous ses premiers rayons et un ciel tout bleu que nous nous engageons sur l'autoroute reliant Jodhpur à Udaipur.
L'autoroute indien possède sa propre organisation. Bien entendu, on y trouve des doubles voies de chaque côté d'une séparation centrale. Mais, chose étonnante, on peut croiser la double voie parallèle, on peut doubler aussi bien à droite qu'à gauche, on peut croiser des vaches, des groupes de piétons, des vélos, bref une occupation routière en tout point indienne. Il faut s'y habituer et faire totale confiance à son chauffeur. Il nous faudra cinq bonnes heures avant d'entrer dans la belle ville d'Udaipur.
En chemin, nous nous arrêtons pour voir la fabrication de l'huile de sésame et de galettes (les padom) ainsi que le fonctionnement d'une noria.
A mi parcours, nous faisons halte à Ranakpur afin de visiter le Chaumukha ou «quatre têtes», l'une des plus belles et plus vastes constructions Jaïns de l'Inde. Ce temple, dédié à Adinatha, édifié au 15ème siècle, fait partie des cinq pèlerinages majeurs de la religion Jaïn. Avant de franchir le seuil, nous abandonnons nos chaussures devant l'entrée, ainsi que tout article de cuir que l'on peut porter sur nous. Un des préceptes de la religion Jaïn étant de protéger tous les animaux et créatures terrestres, toute chose ayant été fabriquée à partir de tissu animal ne saurait entrer dans le temple. Les adeptes Jaïns allant même jusqu'à balayer devant leurs pas afin d'éviter d'écraser les insectes, ou manger avec un mouchoir devant leur bouche pour ne pas avaler et donc tuer le moindre microbe. Le temple dresse ses quatre vingt coupoles dans un écrin de verdure. A l'intérieur plus de mille quatre cent quarante piliers de marbre blanc soutiennent l'imposant édifice. Aucun de ces piliers n'est sculpté de la même façon. Les petites comme les grandes sculptures sont finement ciselées, offrant des détails qui en font une véritable dentelle de pierre. On ne sait où donner de la tête, et on déambule entre les piliers en faisant à chaque fois de nouvelles découvertes. Le lieu est fait pour la méditation et la prière. C'est également un lieu très touristique visité aussi bien par les indiens que par les étrangers de passage.
En sortant du temple, nous empruntons une petite route qui va nous faire pénétrer une région de moyenne montagne, vouée à l'agriculture. Le paysage qui nous entoure est vraiment magnifique. Les petits vallons se succèdent, riches de parcelles travaillées par l'homme, traversés par des troupeaux de vaches et de chèvres, guidés par les bergers Bishnoïs. Nous croisons de touts petits villages dont la rue principale est envahie par les paysans coiffés de leur imposant turban rouge sur la tête, venus vendre les produits de leur maraîchage. Les douces collines des monts Aravelli offrent des couleurs ocres, tachetées de touches d'un vert intense. Ça et là, inlassablement des vaches entraînent dans leur pas, le rythme des norias qui déversent l'eau dans les réseaux de canaux d'irrigation. Les femmes rentrent des champs, portant sur leur tête de lourds et longs fagots de bois. D'autres groupes de femmes pompent l'eau à la fontaine, et reprennent le chemin de leur maison, une cruche débordante en équilibre sur la tête. Tous ces gestes semblent immuables, répétés de générations en générations.
Enfin, au bout de cette étroite route, faite de montées et de descentes successives sur laquelle nous avons été bien secoués, nous retrouvons l'autoroute, et parvenons aux premières maisons d'Udaipur.
Nous voici dans la ville des Rajput, la caste des guerriers.
Notre hôtel héritage, le «Karohi Haveli», nous attend sur les rives du lac.
Nous faisons face aux rives des ghâts de la vieille ville, la vue est superbe. Le soleil se couche sur le lac. Nous décidons de sortir pour une petite balade nocturne et empruntons le petit pont qui nous sépare de la vieille ville. Nous passons sous une des portes d'accès, et le concert nocturne débute. Les ruelles sont étroites, sans trottoirs et la circulation est démentielle. Se faisant précéder de leurs puissants klaxons, les motos, tuk-tuks et voitures, nous frôlent, nous obligeant parfois à sauter sur les devantures des commerces ou dans les caniveaux, ce qui semble beaucoup amuser les habitants habitués qu'ils sont à cet étrange ballet.
Après avoir pris ce bain de foule, de bruits et d'odeurs, un peu assommés par ce zig zag entre tous ces véhicules désordonnés, nous retrouvons notre hôtel, avec, bien entendu, la ferme intention de retourner dans l'enfer motorisé dés demain.

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