lundi 15 février 2016

0015 - Trois jours à Cusco

Il aura fallut vingt heures de bus pour rejoindre Lima, en partant de Cusco. Heureusement, les autocars de la ligne « Cruz del sur », sont vraiment très confortables, et fort bien étudiés pour de si longs trajets. Nous arrivons à la gare routière de la capitale Péruvienne, sous une lourde chaleur. Il doit bien faire largement plus de trente degrés. 
Avant de nous retrouver à notre point de départ, trois semaines plus tard, nous avons profité de nos trois jours de repos à Cusco. 
Cette ville, dont le centre ancien est classé au patrimoine de l'humanité, peut être découverte de mille façons. Ce que nous avons fait. D'abord, par une balade en autocar décapotable, offrant un tour de ville, en passant par les lieux les plus touristiques.

S'en est suivie une promenade à pied dans les ruelles du cœur de ville, et notamment la découverte du tranquille quartier de « San Blas ». 









Cet endroit situé un peu sur les hauteurs, pourrait être comparé au quartier Montmartre à Paris. Par ces petites rues en pente, bien sûr, où s'agglutinent petits restaurants aux ambiances intimes, mais également, par les petites échoppes des artisans et créateurs de la ville, qui laissent libre court à leur imagination, sans oublier de se référer au patrimoine de leur pays. Beaucoup de boutiques présentent des créations à caractères religieux, mélangeant les croyances andines, aux références de la religion catholique. Bijoux, tissus bariolés, traditionnels bonnets andins souvent revisités, statuettes, pierres sculptées, aquarelles colorées, on trouve de tout, même un petit cordonnier qui, en vingt quatre heures, vous présente vos chaussures sur mesure, selon votre choix de couleur et de forme. Déambuler dans les rues pavées de ce quartier, permet de s'écarter de l'excitation et du bruit de la ville. C'est en redescendant vers la place centrale que nous retrouvons toute cette agitation. Dorénavant à Cusco, il est interdit de klaxonner, ce qui est bien respecté compte tenu de l'imposante présence policière en centre ville. Pourtant, le bruit des klaxons est remplacé par les coups de sifflets stridents et répétés à l'infini, par des jeunes policières, qui s'aident de grands gestes pour accélérer la circulation. Nos pas nous mèneront également jusqu'à la gigantesque statue de l'Inca « Patchakutek », situé à l'entrée de la ville moderne, offrant un panorama à 360° degré sur la ville.
Nous nous offrirons une escapade culturelle avec la visite des musées de « l'Inka », et du musée « d'art pré-colombien ». Une agréable manière de compléter notre connaissance sur la civilisation inca, et en plus, de nous permettre de nous mettre à l'abri d'une pluie intempestive qui s'est abattue quelques minutes sur la ville. Entre temps, bien entendu, nous avons trinqué autour du « pisco sour », et dégusté de bons petits plats traditionnels : « La trucha asada » (truite grillée), « La salchipapa » (saucisses frites), «Pollo à la bresa » (poulet grillé et pané), et différentes pizzas, à l'avocat, aux quatre fromages péruviens, au piment … Un petit tour au marché traditionnel pour les derniers souvenirs et cadeaux, un peu de lèche-vitrine dans les quartiers chics, quelques arrêts café ou « cerveza Cusquena » (Bière de Cusco), ont complété notre activité de ces trois journées de repos, avant de nous préparer pour le retour.
Beaucoup de kilomètres sont devant nous avant de retrouver nos petites montagnes Cévenoles. Vingt heures de bus jusqu'à Lima, et treize heures d'avion jusqu'à Paris. Mais qu'importe, cela valait bien le coup. Nous rentrerons avec des images extraordinaires dans la tête, conscients de la chance que nous avons eue. 
Ces trois semaines passées dans ce pays merveilleux, pour nous, c'était vraiment le Pérou !!

dimanche 14 février 2016

0014 - De la Vallée sacrée à Cusco

C'est sous un soleil déjà chaud, que nous gravissons une à une, les hautes marches du site d'Ollantaytambo.

 
Nous nous élevons vers cette forteresse qui défendait l'accès à la vallée. 








Comme toujours dans les cités incas, les énormes cailloux sont disposés à la perfection  les uns contre les autres (et ont pu résister aux différents tremblements de terre).
Les pierres ainsi rassemblées proviennent de la montagne d'en face, qui doit se trouver à une dizaine de kilomètres. Les incas devait également franchir la rivière au fond de la vallée, et acheminer les pierres tout en haut du site. Il semble que pour cela, ils utilisèrent des cordes et des rondins en pierre. On découvre à l'arrière du site, un long plan incliné à pente douce, qui permettait d'accéder à la forteresse, avec les énormes blocs de rochers déjà travaillés. Çà et là, on rencontre des pierres abandonnées au bord du sentier, et qui ne sont jamais parvenues à destination. Les péruviens donnent à ces blocs, le joli nom de pierres fatiguées. Cette forteresse domine largement la vallée, et offre un point de vue imprenable en cas d'invasion.
Nous en faisons le tour en admirant le merveilleux spectacle de la lumière qui se faufile entre les montagnes escarpées.
 












 Dans notre descente vers le village, nous croisons lamas et alpagas, profitant de l'herbe épaisse et des rayons du soleil.

Il est l'heure de partir. Derrière nous, plane l'ombre du Machu Picchu. Nous nous en éloignons avec regret, mais c'est ainsi, nous devons laisser la place à d'autres qui, comme nous, vont s'émerveiller devant le spectacle. 


Au bout d'une petit heure de trajet, nous parvenons aux salines de Maras. 
Depuis quelques kilomètres, nous traversions un riche plateau consacré à l'élevage et la culture.
 
La vue est saisissante sur ces salines exploitées depuis la période pré-hispanique.
Des milliers de petits bassins s'accrochent désespérément au flan de la colline. De toutes petites terrasses de quelques mètres carrés retiennent l'eau salée qui s'écoulent de la terre en un filet pour, par la suite, s'évaporer par l'effet de la chaleur et laisser s'accumuler les couches de sel. 

Ce sont les paysans qui entretiennent ces minces parcelles et récoltent le sel pendant la période de chaleur. En ce moment, les salines sont laissées au repos pour quelques semaines, pourtant, vu d'en haut, le spectacle est magnifique. Les tâches blanches et roses s'écoulent jusqu'au fond de la petite vallée, tranchant avec le vert des prairies environnantes. Nous traversons à pied ce lieu incongru, et goûtons à l'eau chaude et salée sortie du cœur de la montagne.

Notre prochain arrêt sera un lieu tout aussi atypique, et dégageant un mystère propre à ceux laissés derrière elle par la civilisation inca : le cirque de Moray.

Étonnantes terrasses construites en cercle et s'enfonçant dans la terre. Lieu de vénération de la Pachamama (terre nourricière), de sacrifice, il attire aujourd'hui des touristes mystiques, persuadés de son énergie positive.
A quelques kilomètres de là, toujours sur la route qui nous ramène à Cusco, nous faisons halte au petit village de Chinchero. Nous avons vraiment de la chance, car il s'y déroule la fête de clôture du carnaval. Nous assistons, sur la place, en présence de centaines de spectateurs attentifs, à un rassemblement de groupes de danses traditionnelles, rivalisant de couleurs, dans leurs plus beaux habits d'apparats.





Les familles de paysans sont venus assister au spectacle, et en profitent pour faire leurs achats au marché situé tout près du lieu de la fête. Les enfants et les adolescents sont surexcités, poursuivant les filles pour leur envoyer des ballons remplis d'eau, et les couvrir de mousse.




Et on court, et on crie, et on éclate de rire, dans une ambiance de village où tout le monde se connaît. Sur la place, c'est le concours de groupes de danseurs et danseuses, annoncé par l'animateur local, à grands renforts de décibels.

Au milieu de l'espace de danse, se dresse l'arbre qui a été amené dans la matinée et solidement enfoncé dans le sol.
Les danseurs, armés de petites haches, devront assener des entailles successives dans le tronc de l'arbre. Celui qui fera tomber l'arbre aura à sa charge le coût de la prochaine fête. Les coups sont donc porter avec le plus de retenue possible. La fête bat son plein, lorsque nous quittons le village en pleine effervescence. Il semble que les festivités vont durer jusque tard, à en juger par les verres de boissons locales et de bière qui passent de main en main. 


Nous arrivons à Cusco dans l'après-midi. Nous avons devant nous trois journées pour découvrir les recoins de la ville, et faire mille découvertes. Pour l'instant, la place de la cathédrales est envahie par une nuée de jeunes garçons et jeunes filles qui se poursuivent à coup de bombes à eau, et mousse. Ici aussi et comme partout, on clôture carnaval.

Nous évitons comme nous pouvons les jets d'eau, et nous réfugions à la terrasse d'un café pour regarder ces jeux bien innocents, de loin, et bien à  l'abri.
Le soleil est maintenant couché. Nous retrouvons notre petit hôtel pour goûter un repos bien mérité, après cette longue journée de route, et de découvertes.


samedi 13 février 2016

0013 - La merveille des Andes

Tout d'abord, il faut se lever tôt (4h15), prendre un bon petit déjeuner tout en baillant, et se forcer à bien ouvrir les yeux. Une vingtaine de minutes jusqu'à la gare ferroviaire, dans une semi-obscurité. Trouver sa place dans le train, et patienter jusqu'au départ.

Ce premier train est la meilleure solution, car il permet d'arriver les premiers sur le site. Confortablement installés, nous frémissons aux tremblements de notre wagon, qui annonce le départ. Aussitôt, une charmante hôtesse, Isabel, secondée par son acolyte Marco, vient nous proposer une boisson chaude et un petit encas. Ils sont en charge de ce seul wagon, et seront à nos petits soins jusqu'au terminus.
Le trajet va prendre une heure trente, pendant lequel nous allons suivre les méandres de la rivière Urubamba. Un flot de remous coléreux et terreux descendu de la montagne s'incruste dans l'étroite vallée à une vitesse vertigineuse, provoquant des rugissements assourdissants, que nous entendrons encore, bien haut dans les sommets. Le toit panoramique de notre wagon, nous permets d'admirer les aplombs rocheux qui nous surplombent. Ici, le train a fait sa place entre roche et rivière, et nous passons souvent très proches de l'une et de l'autre.

Nous pouvons même apercevoir le glacier d'une montagne, grignoté par une brume qui devra s'estomper très bientôt. Car oui, il fait beau et même très beau. Notre chance ne nous quitte pas. Depuis deux jours, le Machu Picchu se cache des regards, derrière une épaisse couche de brume. Mais, pour nous, tout à l'heure, il se dévoilera. Merci soleil andin, que les incas vénérèrent comme un dieu. 

Un heure trente précise après notre départ, nous voici à « Aguas Calientes », petite ville à l'ambiance Himalayenne. Ici, tout respire le Machu Picchu, les échoppes de souvenirs, bien entendu, mais également les va-et-vient des navettes, les départs de treks, avec hommes et femmes pliés sous le poids de lourds sacs à dos. L'agitation est fabuleuse, nous sommes là, à l'ombre d'une des dix nouvelles merveilles du monde, et nous ne savons pas vraiment quelle sera notre réaction. Billets en mains, il nous faut maintenant grimper dans la navette, pour un trajet d'une trentaine de minutes, sur une piste en terre, où se croisent interminablement les autocars faisant la montée et la descente. Nous approchons. Le village d'Aguas Calientes devient tout petit au fond de la vallée. Virages, épingles  à cheveux, se succèdent, quand tout à coup, le bus coupe ses moteurs. Nous y sommes. Encore une longue montée abrupte sur une petit sentier empierré, puis quelques mètres, les dernières marches avalées sans effort, et là, le souffle est coupé. Non pas par l'effort, mais par cette vision unique, magique, une vue imprenable, plongeante, sur un site merveilleux : le Machu Picchu. Lors de notre dernier voyage aux Indes, nous avions été émerveillés par le romantisme dégagé par le Taj Mahal. Ici, une puissance, née de la juxtaposition du travail de l'homme et de la force la nature, nous happe. Le regard est aimanté par ce pic rocheux, cette couleur, ces pierres alignées, cet équilibre parfait. Il semble que tous les visiteurs partagent cette sensation, car autour de nous, chacun s'arrête, comme hypnotisé par cette première image, et s'empresse de faire photos et films par peur de ne pouvoir avoir d'autres occasions.
A cet instant, le site est presque vide. En haute saison, il peut y avoir 6.000 visiteurs par jour, et sur l'année 2015, ils furent plus de deux millions. Notre guide pour cette journée se nomme Raoul. Lui aussi parle parfaitement le français, et lui aussi est passionné par son pays et « son » Machu Picchu.

Successsivement, nous visitons le temple du soleil, le temple du condor, arpentons de minuscules ruelles pavées, montons, descendons, avec toujours, autour de nous, des paysages indescriptibles de beauté.










Véritable ni d'aigle défiant l'équilibre, le Machu Picchu marque son visiteur, et semble l'inviter à rester. Les terrasses herbeuses se faufilent jusqu'à se perdre aux yeux dans les montagnes, et ne devenir qu'un trait régulier. Les plus courageux d'entre nous se risquent sur le chemin de l'inca qui mène tout là haut, jusqu'à la porte du soleil, ouvrant et protégeant l'accès au site.

 

S'offrir une pause, un gros rocher sur lequel s'asseoir, et admirer, admirer tout simplement. Car, ici, les mots sont inutiles. Un seul de nos sens est sollicité : la vue. Bien entendu, par des photographies, à travers des reportages télévisuels, nous connaissons le Machu Picchu, mais l'avoir là, devant soi, il n'a rien de mieux. Époustouflant, insensé.


Comment des hommes ont-ils pu venir jusqu'ici ici, sur ces pentes abruptes, dompter ainsi les hauteurs, utilisant la montagne et ses ressources comme de véritables alliés. Nous profitons au maximum de ce rendez-vous, cherchant ce qui ne peut-être vu en pliant les yeux. La lumière du soleil, taquinée par de légers nuages, caresse les hauteurs de couleurs changeantes. Le site s'assombrit, puis tout à coup respire une couleur éclatante. Le spectacle est total, nous sommes des privilégiés, nous en sommes conscients.
Au milieu de l'après-midi, sur le chemin du retour, il est toujours présent, là dans notre regard, le Machu Picchu. Comme un refrain que l'on apprend par cœur pour ne pas l'oublier, nous gardons cette vision, la répétant à l'infini, comme pour la garder, la graver en nous. Nous venons de voir quelque chose de rare, et nous en sommes très heureux.

Plus tard dans la soirée, revenu à notre village de base, autour d'un bon repas, nous partageons nos impressions. Depuis notre départ, nous avons découvert un Pérou amical, doté d'un riche patrimoine, d'une étonnante diversité de paysages, chargé de mystères. Mais que serait le Pérou, sans le Machu Picchu ?