mercredi 29 septembre 2021

Côte atlantique

 Arcachon - Dune du Pilat   

Ce matin ce n'est pas jour de marché, mais jour de pluie. Partis sous un ciel optimiste, nous arrivons dans les faubourgs d'Arcachon, sous un ciel gris, et une petite bruine poussée par le vent. 

Nous nous installons à La Teste de Buch, dans le village des pêcheurs. Il fait frais et la pluie semble décidée à nous empêcher de profiter de cette journée. Bravant le ciel, nous déplions les vélos, suivons la piste cyclable, pour quelques kilomètres plus loin, entrer bien humide dans Arcachon. Le temps de passer par l'office de tourisme, et le ciel se dégage. Nous allons pouvoir visiter la ville à vélo sans précipitation, et profiter des grands quartiers qui la composent : la ville d'été, la ville du printemps, la ville d'automne et la ville d'hiver. Arcachon est une ville bourgeoise, riche, mondaine, une ville de villégiature, qui, par ses maisons de front de mer, cache l'activité commerçante de son cœur. Si l'on reste sur la balade des plages, c'est n'est qu'une succession de restaurants et de cafés, où l'on vient déguster, installer dans de confortables canapés et fauteuils, de petits cannelés, accompagnés d'un Darjeeling fumant. Les passants flânent, lisent les menus, fixent l'horizon, suivent des yeux les bateaux rentrant au port, pour s'immobiliser enfin, devant les sculptures monumentales de Bruno Cantalone, installées au début de la jetée. Les personnages du sculpteur, voyageurs et vagabonds, interpellent tant par la technique de l'artiste, que par le message qu'il souhaite transmettre, sur l'éphémérité du corps. Bien avant cette balade au-dessus des plages, nous avions arpenté la ville d'hiver, toujours à vélo, à partir du magnifique et fleuri parc moresque, où les joueurs de boules s'en donnent à cœur joie, dans un cadre bucolique. A partir du parc, nous découvrons une à une les superbes villas des années 1900, construites par de riches industriels, hommes d'affaires et autres "laird" écossais. Elles rivalisent entre elles de grandeur, de hauteur, et de finesses dans les décors. Les jardins, tout autour, adoucissent leurs dimensions, parfois démesurées, et étouffent les bruits de la ville basse. Un confortable silence recouvre la ville d'hiver. Notre balade se termine sur une des jetées du front de mer.

Le soleil se rit de l'horizon, transperçant de gros nuages d'un gris anthracite. En revenant à La Teste de Buch, nous parcourons le village des pêcheurs aux odeurs caractéristiques de l'océan. La journée s'achève autour d'une douzaine d'huitres et de bulots aïoli, et d'un verre de vin blanc.

  

 La Dune du Pilat

Le quartier des pêcheurs s'éveille, la journée de travail débute. Ici, camionnettes transportant les paniers à huitres vont et viennent, là, on nettoie les terrasses pour accueillir les clients du déjeuner, tout se met en place pour une nouvelle journée. Le ciel est un damier, partagé en carrés bleus, blancs et noirs. Pour l'instant le bleu prend le dessus, au moment où nous prenons la route de la dune du Pilat, qui sera l'ultime étape de ce séjour sur l'Atlantique. 

La dune n'est pas loin, juste quelques kilomètres. Une appellation "grand site" lui a été donnée, en conséquence de quoi, parking payant et petites boutiques de souvenirs. Un sentier sablonneux sous les arbres sillonne jusqu'au pied de l'impressionnante butte de sable. On y accède par un escalier abrupt, qui escalade les cent mètres de haut. Une fois là-haut, drôle d'impression. Le paysage est constitué d'un côté par le vert de la forêt, et de l'autre par le bleu de l'océan, au milieu une large bande de sable brun. C'est un phénomène étonnant que cette immense dune, qui peut se déplacer de huit mètres en une année. Nous marchons au plus loin sur la crête qui s'avère très large et sans danger. Le danger lui, il vient de la mer. Alors que nous étions baignés de soleil, tout à coup la mer et le ciel ne font plus qu'un, unis dans une masse grise menaçante avançant vers nous très vite. Quelques minutes plus tard, nous subissons une averse lourde et épaisse, et pataugeons dans le sable. Nous redescendons dans la précipitation, mais le mal est fait, nous sommes trempés jusqu'aux os. Arrivés au camion, c'est fini, le soleil est à nouveau là.

Une fois séchés et changés, nous nous dirigeons vers Biscarosse, et ses longues plages. En plus de l'océan, cette station balnéaire prisée, bénéficie de lacs, nichés au cœur de la forêt de pins. Nous nous arrêtons au bord du lac du Nord pour déjeuner au soleil.

Voilà, notre route tourne désormais le dos à l'océan, pour s'ouvrir sur l'horizon de nos Cévennes.

A la tombée de la nuit, nous nous installons à Villefranche de Rouergue, demain c'est jour de grand marché.



lundi 27 septembre 2021

Côte atlantique

 Cap Ferret

Nous n'avions pas prévu que le closing du "bus des Carrelets", se prolongerait jusqu'à huit heures du matin. Notre nuit fût donc très courte, musique oblige. Changement de programme pour la suite de notre voyage, nous avons décidé de prendre le bac qui traverse la Gironde, faisant ainsi impasse sur la région Bordelaise et le Médoc. Nous nous alignons dans la file de véhicules s'engouffrant sur le bateau, non sans avoir, juste avant, salué nos voisins fêtards quelque peu "déchirés". La traversée sur l'eau boueuse du fleuve ne dure qu'une quinzaine de minutes. 

Arrivés sur l'autre berge, à Lamarque, notre GPS revient à lui, et nous conduit avec précision dans la direction de Lacanau. Nous traversons les dernières terres occupées par la vigne, ainsi que des petits villages qui sentent bon le raisin. De nombreux châteaux émaillent notre route, avec les noms ronflants d'appellations vinicoles. Quelques kilomètres plus loin, le décor change radicalement. Terminé la vigne, place aux forêts de pins. Nous suivons d'interminables lignes droites, encadrées par une forêt dense et uniforme. 

Nous parvenons à Lacanau, sous un ciel bas, laissant glissée une fine pluie sur le lac. La station est en sommeil. Les terrasses des restaurants et cafés sont vides ou fermées, les chaises empilées, les devantures des boutiques closes, il est onze heures, Lacanau dort. Nous longeons le lac, lui aussi bien assoupi, et filons droit sur Cap Ferret.

A peine garés, nous accédons directement au belvédère qui offre une magnifique vue sur la dune du Pilat. Le vent est fort, frais, et la lumière n'est pas encore au maximum, de gros nuages voilant le soleil. Un sentier baptisé " l'abécédaire des dunes", s'ouvre sur la nature sauvage du cap. Ici, du sable, encore du sable, toujours du sable, balayé, roulé, déplacé par le vent et les embruns. La prudence est de mise lorsque l'on s'approche trop près des dunes, le risque d'éboulement est consigné sur les nombreux panneaux qui jalonnent le parcours. Nous parcourons les sept kilomètres de balade, tout en lisant les explications sur de grands panneaux, partant de la lettre A jusqu'à Z, d'où le nom d'abécédaire. Arrivés au bout de la randonnée, il faut revenir au village, ce qui multiplie par deux les sept kilomètres déjà parcourus, chose à laquelle nous n'avions pas pensée au départ. Revenus au fourgon, sous un soleil charmeur, nous nous avançons dans le village qui fait face au bassin et à la ville d'Arcachon. Nous faisons halte au phare du cap Ferret, avec son dernier étage rouge vif, et partons en goguette sur la plage jusqu'aux rues commerçantes. La plage est quasi déserte, seuls, quelques lecteurs assoupis, des promeneurs en discussion, et de jeunes gens jouant au badminton, égayent cette fin d'après-midi. Au loin, brillent les pontons des ostréiculteurs et leurs sacs remplis d'huitres, le sable de la dune du Pilat s'enflamme sous les rayons du soleil. le spectacle est magique. Nous partons découvrir le village ostréicole, qui résonne comme un coquillage creux. Il est trop tard pour le travail, et trop tôt pour l'ouverture des échoppes de dégustations de fruits de mer. L'odeur de l'océan est bien présente autour des larges sacs d'huitres entreposés, des petits bateaux en cale sèche, et l'on entend les clapotis de l'eau du bassin, venus ajouter sa mélodie au tableau, comme pour le parfaire. Un dernier petit tour dans les étroites ruelles du village de Piraillan, et nous voici installés à la "cabane 57", les pieds dans l'eau. Devant nous, le bassin à perte de vue, de fragiles embarcations laissées au repos, soumises à la douce houle, et sur l'horizon, la forteresse infranchissable et incandescente de la dune du Pilat. A ce décor rêvé, s'ajoute comme par magie une couronne d'huitres et de langoustines, mouillée d'un vin blanc transparent de douceur.

La nuit s'invite.

dimanche 26 septembre 2021

Côte atlantique - Estuaire de la Gironde

 Merchers - Talmont - Mortagne sur Gironde - Blaye

C'est une pluie battante qui se fracasse sur la tôle du fourgon au petit matin. La journée s'annonce morose. Nous prenons notre temps pour le petit-déjeuner à bord. 

Vers onze heures, un miracle, un rayon de soleil perce les nuages, éclairant la petite plage, et notre route jusqu'au village de Merschers. De jolies baigneuses de la belle époque nous y accueillent. Nous passons par le marché dominical pour y faire provision, notamment de délicieuses grosses tomates d'un rouge sang, que nous dégusterons au déjeuner. Nous descendons jusqu'au port pour faire la balade côtière. Nous surplombons les traditionnels carrelets, qui sont là par dizaines, arborant une palette de couleurs fanées par le temps et les embruns. Les grottes troglodytes, creusées dans les falaises jouxtant la Gironde, sont la curiosité du village. Nous bouclons notre tour après une bonne heure de promenade. 

Il est temps de reprendre la route vers le village voisin de Talmont sur Gironde. Ce village surplombe lui aussi l'estuaire de la Gironde. Le fait remarquable est qu'il est totalement interdit à la circulation, ce qui est appréciable. Son église de style gothique, dominant le fleuve, est majestueuse, tout en restant humble. Ses petites rues étroites et pavées encouragent à la flânerie. Les marchands du temple sont bien là, et les échoppes d'artisanat, de souvenirs et de produits locaux ne manquent pas. La balade reste toute de même agréable. L'heure avance. Nous faisons une halte à Mortagne sur Gironde, joli port sur l'estuaire, avant de prendre la direction de Blaye.

A Blaye, nous retrouvons l'incontournable Vauban. Nous avons l'impression de suivre la route Vauban, tant le personnage apparaît souvent dans les constructions de cette région. La forteresse de Blaye est superbe, et sans contexte le "must Vaubien" de la région. En parfait état, bien entretenue, elle abrite maisons, édifices, et chose étonnante, même un camping "intra-muros". Nous en faisons le tour, au moment où le soleil décide de prendre congé. Sur les berges de la Gironde, de la musique attire nos pas. "Le Bus des Carrelets", est en pleine effervescence, c'est la soirée "closing" de la saison. Bar d'extérieur, avec diverses caravanes de restauration, le lieu propose tapas ou repas, vin, mojitos et diverses boissons, au son de morceaux de musique tout en décibels. Nous nous installons autour d'un tonneau et y dégustons gambas panés, cœurs de canard, petits pains aux tomates confites et chorizo, arrosés d'un délicieux et corsé Mojito. Nous rejoignons le camion garé juste en face, d'où nous pouvons profiter de la musique poussée au maximum. Demain, nous devrions poursuivre notre descente des rives de la Gironde.

samedi 25 septembre 2021

Côte atlantique

 Royan

 

 Une fine pluie nous réveille au matin (il est quand même dix heures). Le temps de s'organiser pour la suite du voyage, et le soleil fait son apparition, nous invitant à reprendre la route jusqu'à Royan. Nous y arrivons, en toute fin de matinée, à l'heure du déjeuner. Par chance, nous trouvons une place juste au-dessus de la belle plage ensoleillée de Pontaillac. C'est à partir de là, et à bicyclette, que nous allons découvrir la ville de Royan. Station balnéaire au charme certain, Royan s'étire au fil de ses interminables plages de sable fin. Le front de mer animé, est parcouru par des centaines de promeneurs profitant des généreux rayons du soleil. Les terrasses des cafés renvoient la mélodie des conversations, les enfants creusent le sable, les vélos, les trottinettes s'entrecroisent, les amoureux se tiennent par la taille, et de petits chiens fatigués tirent la langue. Un samedi de fin d'été. Nous nous enfonçons dans la ville pour suivre le parcours des belles villas style art déco et art nouveau. Rue des jardins ou du nid de poule. De ces villas, désormais en deuxième ligne du front de mer, émane une réelle douceur de vivre. L'élégance de leur façade, le soin du détail, leurs décors tout en délicatesse, rappellent une belle époque lointaine, celle des premiers bains de mer, et des canotiers. La plage de la grande Conche est particulièrement animée, avec un championnat de frisbee. Nous laissons les cris d'encouragement derrière nous, et prenons la route de la côte pour retrouver notre fourgon. Juste devant notre emplacement, un panneau nous apprend l'interdiction de stationner. Il faut faire vite maintenant car l'obscurité tombe. 

Nous suivons la côte à la recherche d'un havre pour la nuit. Nous le trouvons juste à l'entrée du village de Meschers. Une petite crique, un petit parking, et un joli petit restaurant. Que demander de mieux. Une fois le fourgon fermé, bien en place pour la nuit, nous dégustons en terrasse, et par une douce soirée, une succulente marmite du pêcheur, arrosée d'un vin blanc de Charente. Un délice.

vendredi 24 septembre 2021

Côte atlantique

 L'île d'Oléron

 De retour au fourgon, nous prenons la route de l'île d'Oléron. Comme sa voisine Ré, Oléron est reliée au continent par un pont de plus de trois kilomètres. A la chute du pont, nous faisons halte à Saint Trojean les bains. Une station balnéaire qui abrite sur son front de mer, un alignement de petites maisons style année cinquante, aux noms bien évocateur : Beau rivage, villa Monplaisir.... La promenade de bord de mer est agréable et étonnement longue. A cette époque, s'y croisent les habitants tout heureux de réinvestir les lieux, après le passage du typhon touriste.
On s'y promène entre amies, se tenant le bras, commentant les derniers potins, ou suivant les pas pressés de minuscules petits chiens, ou on profite du soleil de septembre, avachis sur les bancs de bois, le regard porté vers l'horizon, ou suivant les lignes du dernier roman à la mode.
Avant de pousser plus loin sur l'île, nous faisons quelques provisions, et prenons la route.  Nous arrivons à La Cotinière, charmant port, encore très animé en ce début de soirée. Pas facile de trouver un place de stationnement, et les terrasses des restaurants sont bondées. Une envie d'huitres, nous pousse devant un étal bien garnis. Une douzaine d'huitres ouvertes, le petit citron et le rince doigt. L'étal juste en face, tenu par un sympathique barbu à tricorne, propose un petit banc charentais, qui viendra agrémenter nos huitres. C'est sur un banc ensoleillé, face à l'océan, sous les regards menaçants d'une meute d'oiseaux à bec jaune, que nous dégustons nos délicieux coquillages.
La cloche de l'église annonce les huit heures du soir, nous partons à la recherche d'un lieu pour poser le camp. Nous le trouvons quelques kilomètres plus loin, sur la route du phare de Chassiron, à deux pas de la plage.

Une chaleur soutenue envahit le fourgon. Il est déjà dix heures trente, nous avons dormi bien profondément. Nous faisons un petit tour sur la plage voisine, pour nous apercevoir que l'océan s'est retiré bien loin, laissant toute liberté aux pêcheurs à pied, qui remplissent leurs sacs de moules, palourdes, huitres et crabes. Le phare de Chassiron est à quelques kilomètres, et sera notre première étape de la matinée.   L'édifice est majestueux, avec ses trois bandes noires (qui permettent de ne pas le confondre avec le phare des baleines. Les deux phares étaient blancs). Une agréable visite commentée du phare, permet de comprendre non seulement la vie dans ce bâtiment, mais également, la dure vie tout autour, celle des villageois, avec leurs traditions de pêche à pied, à l'écluse ou au filet. Il se définissaient comme des pêchers de la terre, et ds paysans de la mer. Belle et poétique définition Puis, nous gravissons les deux cent vingt quatre marches pour parvenir à la passerelle circulaire. De là, et avec le temps clair d'aujourd'hui, nous avons une vue à 360 degré, sur La Rochelle ou Fort Boyard. D'ailleurs, grâce à la visite du phare, nous savons désormais ce qu'est un boyard. A partir du phare, nous empruntons la route des huitres, traversons de jolis petits villages aux maisons blanches et basses, pour enfin, parvenir à Château d'Oléron. Ici encore, Vauban a lassé son empreinte, avec la puissante forteresse qui garde l'entrée du port. Un peu décrépite et à l'entretien sommaire, cette construction n'a très peu d'intérêt, si ce n'est sa magnifique vue sur le pont de l'île. En contre bas des dizaines de cabanes de pêcheurs ont été réhabilité, peintes de couleurs criardes, et décorées souvent avec humour et bon goût. Elles sont toutes occupées par des artistes et créateurs, et, bien entendu, par des petits restaurants ou bar à tapas, proposant huitres, moules et autres produits de l'océan. Il est presque dix neuf heures, nous entrons au "sans souci", petit restaurant de dégustations, au décor insolite, et à la terrasse surplombant le chenal. Une douzaine d'huitres d'Oléron, servie dans de petites barques en bois, accompagnée d'un verre de vin blanc charentais, constituent ce dernier apéritif pris sur l’île. 

Une heure plus tard, nous voici sur le pont, direction Royan. 

La soirée s'avance, et le soleil s'éclipse de l'horizon. Nous arrivons à l'entrée du petit village de La Palmyre. Une aire sous les pins nous attend pour la nuit, avec les services pour pouvoir recharger nos batteries électriques, et vider ce qu'il y a à vider. Le sommeil arrive très vite.

jeudi 23 septembre 2021

Côte atlantique

 Rochefort


C'est le Rochefort des demoiselles, le Rochefort de Louis XIV et de Colbert, le Rochefort de Pierre Loti. Après avoir garé le fourgon devant des bateaux en cales sèches, à deux pas du centre ville, nous nous retrouvons sur les larges quais qui donnent accès à la corderie royale. Des bâtiments exceptionnels de par leur longueur, inhabituelle pour l'époque, mais indispensable pour constituer les cordes des navires. L'arsenal militaire, qui s'étire le long de la Charente, installe dans la ville une atmosphère de casernement. Tout est tiré au cordeau, avec de larges pelouses, sur lesquelles les habitants viennent s'étendre au soleil. Devant ces magnifiques bâtiments, on imagine aisément la richesse de la région, lorsque Louis XIV décida d'y installer l'arsenal. A noter que ce dernier n'est jamais venu jusqu'à Rochefort pour y constater la réussite de son projet. Nous poursuivons notre déambulation le long des berges de la Charente. Notre chemin nous mène jusqu'à une haute et large porte s'ouvrant sur un grand boulevard qui remonte au cœur de ville.
Depuis 2012, la maison de l'écrivain Pierre Loti est fermée. De gros et couteux travaux de réhabilitation sont mis en place, suite à un affaissement de la construction. Cet affaissement est dû à Pierre Loti lui-même. L'auteur de "Pêcheur d'Islande" avait en effet créer et construit de lourds décors à l'intérieur même de sa maison, sans penser mettre à mal la solidité de l'immeuble. Une pièce chinoise, un salon japonais, une mosquée, des milliers d'objet entreposés et mis en valeur, rapportés de ses nombreux voyages à travers le monde. Une sorte de jardin merveilleux du facteur cheval, mais à l'intérieur. Drôle de bonhomme ce Pierre Loti. A la fois, officier de marine, écrivain et académicien. Un militaire écrivain voyageur qui n'hésitait pas, une fois à Rochefort, à se promener maquillé, vêtu en mandarin ou sur des talons aiguilles. N'hésitant pas non plus à organiser de fastueuses fêtes à thème, pour lesquelles chaque invité devait revêtir les plus beaux costumes. On comprend aisément pourquoi le commandement militaire l'a maintenu en poste à l'arsenal de Rochefort, loin de Paris. Drôle de bonhomme et étonnant personnage qui débuta sa "folie" créatrice et poétique, dès l'âge de six ans. Les travaux de réhabilitation de la maison doivent s'achever en juin 2023, soit cent ans après la mort de Pierre Loti, survenue à Hendaye. En attendant la réouverture de la maison, le musée Hèbre invite à une visite en 3D, qui fait un parfait échos à la démesure inspirée de Pierre Loti, et révèle l'homme sous ses diverses personnalités.
A la sortie du musée, nous passons devant la maison Pierre Loti, riche demeure citadine, composée en fait de quatre maisons juxtaposées.
La journée s'étire, le soleil voile sa lumière. Nous voici sur la place Colbert, au café des demoiselles. En 1966, sur cette place, Jacques Demy tourne "les demoiselles de Rochefort", avec Françoise Dorléac et Catherine Deneuve. "Nous sommes deux sœurs jumelles", cette mélodie de Michel Legrand semble résonner à nos oreilles. A l'occasion du tournage, Jacques Demy avait fait repeindre les volets des maisons entourant la place, de diverses couleurs acidulées. Curieusement, cinquante cinq ans plus tard, il ne reste plus beaucoup de trace dans Rochefort du passage des deux sœurs qui n'étaient pas jumelles.
La nuit tombe doucement, et avec elle, une douce fraicheur. Il est temps, pour nous, de regagner le fourgon.
Au petit matin, il est déjà neuf heures, nous enfourchons les vélos, pour une jolie balade au fil de la Charente, qui doit nous porter jusqu'au pont transbordeur. Nous passons à nouveau devant la corderie royale, longeons le fleuve, passons devant la cale vide de la frégate "l'Hermione", pour enfin, parvenir au pied de l'impressionnant pont de fer. Ce dernier était l'unique moyen pour traverser la Charente, et se rendre à Rochefort. Chevaux, carrioles, piétons, puis plus tard, camions et voitures, survolaient le fleuve dans la anse de fer. Un grand pont bétonné le remplace aujourd'hui pour évacuer le flot incessant de véhicules. Après des années d'oubli, il vient d'être restauré et remis en service, à la grande joie des piétons, cyclistes et touristes, nostalgiques d'une époque à laquelle le temps était beaucoup moins compté.

mercredi 22 septembre 2021

Côte atlantique

 Ars en Ré

Il est huit heures passée. Nous ressentons comme un remue-ménage autour du fourgon, de l'agitation. Des gens qui se saluent bruyamment, des allées, des venues. C'est jour de marché à Ars en Ré. Un marché odorant, coloré, métissé, où se côtoient le poissonnier et  sa pêche du jour, le charcutier et ses produits maison, le fromager, le marchand de vin, le maraicher et même un petit manège à l'ancienne, pour faire patienter les petits. Les portières claquent, les cabas et les porte-monnaie s'ouvrent et se ferment, les sourires s'échangent, très bientôt les verres tinteront. Nous laissons le marché derrière nous, avec quelques emplettes gourmandes dans le sac à dos, pour visiter Ars en Ré, village estampillé "plus beau village de France". Il doit cette appellation aux venelles, très étroites ruelles qui serpentent dans tout le village, reliant les rues, et uniquement accessible à pied. Nous arpentons ce tortueux parcours, découvrant de magnifiques maisons, parfois maisonnettes, aux volets colorés, et agrémentées de fragiles et indolentes roses trémières. L'église, autour de laquelle s'organise le village est remarquable par son clocher qui semble vouloir provoquer le ciel. La mi-journée approche, et nous voilà au pied de l'imposant phare des baleines. Sa particularité réside dans sa forme octogonale. Il culmine à cinquante-sept mètres au-dessus du sol, et les plus courageux, dont nous ne faisons pas partie, se risquent jusqu'au sommet, après une longue et éprouvante ascension (257 marches pour monter...et pour descendre). Comme en Bretagne, les phares font, ici, partie du paysage.

Avant de quitter Ré, nous faisons une halte à Saint Martin de Ré, "capitale" de l'île. Une belle surprise, cette petite ville, en arc de cercle, mangée par son port intérieur, où se bousculent bateaux de pêche et de plaisance. De chaque côté, des boutiques aux jolies devantures en bois, laissent trainer une nostalgie "vintage", appréciée par de nombreux visiteurs. Nous sommes mardi, pourtant, le port est envahi par des familles, de jeunes couples, des retraités, des grosses dames avec de grosses glaces dégoulinantes, des messieurs aux pommettes bien rouges tiraillés par de gros chiens baveux,... tout cela dans une atmosphère de vacance et de fin d'été. Le soleil ne s'économise en rien. Nous faisons le tour de ville, et des remparts Vauban, après avoir profité d'un bon déjeuner, au "bistrot du marin", au-dessus de bateaux cloués au sol par la marée.

Nous reprenons le pont de Ré, pour arriver avec la descente du soleil, à Châtelaillon plage, petite station balnéaire, en plein repos après les vagues estivales de l'été. Nous nous garons devant un petit parc, à quelques mètres de l'immense plage de sable fin. L'océan est là. L'eau est encore chaude, et nous osons y tremper nos pieds. Le soleil amorce sa plongée dans l'océan. Nous déplions nos vélos pour une balade en front de mer, afin d'assister au fabuleux spectacle joué par l'astre solaire. Nous passons devant de riches maisons faisant face à l'océan, comme alignées les unes à côté des autres pour assister à la représentation. Tout à coup, le ciel rougit, l'horizon s'enflamme, et la boule rouge s'immerge jusqu'à disparaître totalement. A la terrasse du bistrot, derrière nous, chacun semble avoir retenu son souffle, il ne reste plus qu'un ligne orange se confondant avec l'horizon. Et tout à coup, plus rien, la nuit est là, les discussions reprennent. Les "baigneuses de Châtelaillon" gardent le sourire, demain le soleil sera de retour.

Après une bonne nuit réparatrice, et une dernière balade pour découvrir les belles maisons de "deuxième ligne", nous prenons la direction de Rochefort, bercés par la douce voix de notre GPS, répétant en boucle "calcul d'un nouvel itinéraire". Ne lui en déplaise, nous arrivons à l'heure du déjeuner à Rochefort.

lundi 20 septembre 2021

Côte atlantique

 La Rochelle

Nous prenons la route, abandonnant derrière nous le généreux soleil d'un début de matinée cévenole. Nous ne savions pas, alors, que rejoignant Millau, nous allions rencontrer l'automne aveyronnais, avec sa trilogie pluie, froid et brouillard. C'est à l'approche de La Rochelle, dix heures plus tard, que nous retrouvons, enfin, un ciel dégagé, et une température douce. Le temps de trouver un emplacement sous des marronniers endormis, et nous voilà, arpentant la rue s'ouvrant sur le port par la monumentale porte de l'horloge. Autour du port en arc de cercle, les terrasses des bistrots et des restaurants, offrent aux passants, mille trésors venus de l'océan, sur les mélodies d'un chanteur de rue. Bulots, huitres, moules en papillotes, couteaux, forment une ronde gourmande dans les assiettes. Nous faisons étape sur une petite terrasse surplombant l'eau et des bateaux assoupis. Autour d'un vin blanc charentais, un dizaine d'huitres, sardines grillées et terrine de sardines au beurre salé, feront  notre bonheur. Doucement, la nuit se dépose autour de nous, sur les toits des maisons, se faufile dans les étroites ruelles, glisse sur l'eau sombre du chenal. Les lumières de la ville dessinent le contour des deux grandes tours défensives qui font la carte postale de La Rochelle. Le voyage a été long et éprouvant. Après un petite balade digestive, nous tirons la couette sur cette première journée.
Le soleil est là. Au matin du deuxième jour. Direction le port, que nous découvrons sous un ciel radieux. Les deux tours imposent force et respect. A leur pied, l'eau s'est retirée, et n'a laissé qu'un étroit chenal qu'empruntent les bateaux pour sortir et entrer, les uns derrière les autres. Notre matinée est consacrée à la marche. Une marche qui nous mène jusqu'à la plage des minimes, surveillée par le "phare du bout du monde". Un petit phare tout en bois, exacte réplique d'un phare implanté aux confins de la Patagonie. Curieux de découvrir l'histoire de La Rochelle "la rebelle", nous prenons part à une visite guidée historique, bien menée par une guide au discours précis et agréable. Des différents bassins creusés au cœur de la ville, au fur et à mesure de son développement, en passant par les enfilades d'arcades sous les riches maisons du centre ville, jusqu'aux façades à colombages, surmontées de gargouilles sculptées et menaçantes, nous découvrons la ville deux heures durant. Une ville, lieu d'histoire. Tour à tour, anglaise, rebelle au roi de France, protestante, mise à genoux par Richelieu, reconnaissante envers Henri IV, port de traite négrière, La Rochelle déploie une histoire riche et enracinée.
Après un dernier tour dans les ruelles commerçantes, animées et joyeuses en cette fin de chaude journée, nous prenons la direction de l'île de Ré.


Passé le pont, somptueux ouvrage enjambant l'océan, et privant ainsi, Ré, de son état insulaire, nous gagnons Ars en Ré. Le village, arcbouté autour de son petit port, où dansent quelques bateaux colorés, termine sa journée aux sons des discussions des clients installés aux terrasses des restaurants. Nous trouvons à nous garer, devant la boutique d'un sympathique réparateur de bicyclettes, tout heureux de nous compter comme voisins pour la nuit (il dort au dessus de sa boutique). La journée de marche a vaincu nos organismes, et, après une rapide visite du village, nous regagnons notre douce couchette.