vendredi 30 janvier 2015

15 - Pushkar, ville de Brahma

Ce matin, nous nous sommes levés un peu plus tôt. Nous avions décidé de nous enfoncer dans le marché de la vieille ville de Deogarh, avant de filer vers Pushkar. Les petites rues commerçantes sont à peine éveillées, et encore calmes. Les rideaux de fer se lèvent, les uns après les autres. Les commerçants prennent place, arrangent leurs étals, envahissent la ville. Tout à l'heure, l'activité sera à son paroxysme, orchestrée par  l'habituelle circulation. Mais en attendant, il règne dans ces ruelles une ambiance bon enfant, tranquille. Nous nous arrêtons devant un premier étal, c'est une souriante jeune fille qui nous accueille. Elle nous présente son stock en hurlant derrière elle, des mots que nous ne comprenons pas. Une autre jeune fille apparaît, elle aussi pleine d'activité. Elle ouvre des sacs, décroche des colliers, des bracelets. La première se lève et part en courant dans la salle du fond. Un jeune garçon en ressort en pyjama et se joint à la deuxième jeune fille. La première réapparaît accompagnée d'une dame plus âgée qui doit être sa mère. Ça y est, désormais, toute la famille est au complet, le calme revient. La vente peut avoir lieu. La première vente du matin est déterminante selon la tradition des commerçants. Petite ou grosse, l'important est de ne pas la manquer, car d'elle dépendra la réussite financière de la journée. Un peu plus loin, deux jeunes filles nous présentent de très beaux bracelets en argent. Les tractations s'engagent. Le choix fait, il convient de tomber d'accord sur le prix. Le père, qui jusqu'ici se tenait en retrait, intervient pour la négociation. Les chiffres changent, baissent, montent. La négociation s'arrête, puis reprend. Nous partons un peu plus loin, une des jeunes filles nous rattrapent dans la rue. Elle est d'accord pour notre dernier prix. Tout le monde arbore un large sourire, la première vente du matin a bien eu lieu, même si le commerçant n'a peut-être pas gagné autant qu'il le souhaitait. L'important est que la première vente se soit réalisée, de meilleures sont à venir au cours de la journée. Il en est certain. En retournant sur nos pas, nous croisons une fanfare qui donne l'aubade devant une maison, sans doute les premières heures d'un mariage.
Il est temps maintenant de prendre la route vers Puskhar.

Puskhar est la ville de Brahma. La légende dit qu'une malédiction a été jetée à Brahma, selon laquelle il ne serait vénérer que dans une seule ville de l'Inde : Pushkar. Le seul temple dédié à Brahma se trouve donc à Pushkar. Nous y pénétrons par une montée d'escalier abrupte. Il s'agit d'un temple assez modeste, tout en couleur, où les fidèles viennent apporter leurs offrandes, s'inclinant devant la statue de la divinité. Les indiens y défilent en silence, en prière, en adoration.
A la sortie du temple, nous croisons les invités d'un mariage, précédés de l'inévitable fanfare, et suivis de quelques charrettes à bras, remplies de cadeaux destinés aux mariés. 
Un peu plus loin, nous débouchons sur les ghâts encerclant un petit lac. A cette heure de la journée, il n'y a pas grand monde. Un prêtre s'avance vers nous, afin de nous initier à la prière. Il nous distribue une petite assiette contenant des pétales de roses, du riz, de la poudre de couleur, une noix de coco. Assis sur les premiers escaliers nous répétons avec lui les mots des prières destinées à la famille, aux proches, aux morts. A la fin de la prière, il nous invite à jeter nos offrandes (sauf la noix de coco), dans les eaux du lac, et à faire une donation ! Ce lieu, éclairé d'un franc soleil, est vraiment sublime. Au loin, un groupe d'hommes se lave dans les eaux, sous le regard tranquille de quelques singes s'empiffrant de pétales de roses. Un vol de pigeons s'élève vers le ciel. Doucement, la journée s'étire.
Nous retrouvons notre nouvel hôtel “Jagat Palace”, toujours aussi magnifiques que les précédents, après avoir traversé à pied le long marché de Pushkar. Aux échoppes traditionnelles se mêlent de nombreuses boutiques pour touristes. La rue suit les contours des ghâts, les petits temples s'y succèdent, ainsi que les pâtisseries, et les étals de petits artisans. Nous y croisons tout un lot de “baba-cool” qui semble avoir trouvé leur voie en Inde. Si la caricature du touriste de base avec son appareil photo, sa banane autour de la taille, et sa casquette “Puy du fou” sur la tête, existe bien, celle du “baba”, loin de tout conformisme existe, elle aussi. Dans cette petite ruelle, nous en avons rencontré quelques uns. Ils semblent faire partie du décors, et pourraient bien devenir demain, une curiosité pour de futurs touristes. A deux pas, nous croisons à nouveau une fanfare tirant derrière elle tout un groupe de femmes en habits traditionnels, véritable arc en ciel de tissu.
La journée s'achève avec les dernières boutiques du marché.

Demain, nous partons pour la plus grande ville du Rajasthan : Jaipur.
Texte Henry Lavesque, Photos Hélène Gros et Fabienne Lavesque

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