samedi 31 janvier 2015

16 - Jaipur, la ville rose

Nous entrons dans Jaipur, capitale du Rajasthan, avec ses trois millions d'habitants. La route pour y parvenir a été assez tranquille, pour la plus grande partie sur l'autoroute à trois voies. Dès les premières avenues, la circulation est indescriptible dans cette ville baptisée «la ville rose». Ce nom  lui vient de la visite du prince de Galles en 1876, le maharadjah de l'époque ayant ordonné aux habitants de la ville de peindre leurs maisons en rose, en l'honneur de son glorieux visiteur. En échange, ces derniers reçurent compensations financières sous diverses formes. Nous traversons les abords de la vieille ville. Les avenues sont larges. Chaque commerce forme une avancée avec terrasse au dessus, et permet la déambulation des acheteurs sous les arcades. Tout à coup, le « Hawa Mahal », connu sous le nom de « Palais des vents », nous apparaît avec sa haute façade sur cinq étages, et d'innombrables petites ouvertures en forme d'alvéoles qui permettaient aux femmes de ce palais, d'observer le spectacle de la rue, bien  l'abri des regards. Nous poursuivons notre traversée de la ville pour aller admirer le « Jal Mahal » refléter ses façades ocres dans les eaux du lac Sagar. Ce magnifique bâtiment semble poser sur l'eau, et exprime une grande sérénité. Nous battons le pavé de la longue promenade ensoleillée qui borde le lac où des vendeurs ont installé leurs petits stands de souvenirs. Ici, les indiens aiment à venir flâner en famille, en dégustant des glaces ou de larges crêpes craquantes. Ce long et large boulevard, agrémenté d'une pelouse parfois clairsemée, donne à la ville un petit air de station balnéaire. Avant de retrouver notre hôtel, nous faisons une halte au temple de Birla, dédié à Vishnu. Dans sa totalité construite en marbre blanc, l’impressionnante bâtisse a été offerte par un millionnaire indien. Nous découvrons de nombreuses sculptures sur les murs narrant diverses scènes de l'hindouisme, et pour la première fois, de magnifiques vitraux, offrant à l'intérieur du temple, une lumière voilée. Il est à noter que le temple possède trois couvertures successives, un toit pyramidal pour représenter l'hindouisme, une coupole pour le bouddhisme, et un dôme pour l'islam. Il est la représentation de l'idée de tolérance prônée par l'hindouisme. On y trouve bien entendu les représentations de ses divinités, mais chose rare, on y rencontre des statues du Christ, de la vierge Marie, de Confucius, de Zarathoustra, de Saint-Christophe, pour ne citer que celles là.
A la sortie du temple, nous retrouvons nos chaussures et notre bus, pour rejoindre une bien sympathique guest house, située dans un quartier huppé de Jaipur, occupé par médecins, dentistes et autres avocats. Juste à côté, un petit jardin entouré d'une piste, accueille des jeunes femmes et des personnes d'un certain âge, occupées à faire leur marche active à un rythme soutenu. La petite pension possède de confortables chambres, et une belle terrasse sur le toit, offrant une vue imprenable sur la ville. Au pied d'un brasero, allumé pour lutter contre la froideur soudaine, nous goûtons un succulent thali, accompagné des traditionnels chapati.

 


Le petit déjeuner nous a réchauffé. Ce matin, l'eau de la douche était froide, suite à un problème électrique. Peu importe, une bonne omelette, quelques pan-cakes, un bon « black tea », et nous sommes prêts pour une nouvelle journée à travers la ville de Jaipur.
Ce que nous allons découvrir en tout premier lieu dépasse l'imagination. 
Tapis au fond d'une jeep, nous grimpons les quelques kilomètres qui nous amènent jusqu'au fort d'Amber. Les singes nous suivent du regard. Tout à coup, au détour d'un virage, la forteresse apparaît devant nous, avec ses hautes murailles jaunes. Cette citadelle imprenable, nous plonge dans les aventures « d' Indiana Jones et le Temple maudit ». Les éléphants colorés, y transportent les touristes sur un rythme d'usine. On grimpe sur l'éléphant, on gravit la pente, on descend de l'éléphant, et ce dernier redescend la pente, recharge des touristes, et remonte jusqu'au fort. De notre côté, nous avons choisi d'y accéder en jeep, les éléphants souffrant de cette marche sur le goudron. Une fois passée la porte principale (porte du soleil), sous la musique des tambours, comme ils le faisaient alors pour annoncer l'arrivée du Maharadjah, nous découvrons une cour monumentale. Cet espace ceint d'une haute muraille dentelée, servait aux écuries, de casernes et logis du personnel. Au dessus, une deuxième cour surplombe la première. De dimension plus petite, elle est ornée de façades peintes de fresques où la couleur bleue domine. Elle était utilisée pour les audiences publiques. Par la Ganesh Pol, porte monumentale, on accède à la partie privée du palais, ouvert sur un petit jardin aux plantations bien symétriques, bordant un système d'irrigation pour son arrosage. Comme dans tous les palais, on y retrouve les zenana, appartements des femmes, contenant eux-mêmes, douze petits appartements séparés, destinés aux douze femmes du Maharadjah. Si ce dernier pouvait accéder facilement à chacun des appartements, les femmes, elles, n'avaient aucune issue sur les appartement des autres femmes, et ce pour éviter toute jalousie. Le cadre architectural et naturel de ce palais est vraiment majestueux. Nous y passons la matinée à traverser des couloirs en enfilade, tout en profitant de la vue plongeante sur le magnifique jardin de type moghol, situé au pied du fort. Tel une pieuvre géante, le fort d'Amber déploie d'interminables remparts dans les montagnes alentours, qui se perdent à l'horizon. Cette visite restera un des grands moments de notre voyage.

Nous redescendons vers Jaipur, pour nous rendre au City palace, situé au coeur de la ville, et résidence actuelle du maharadjah. Là encore, il s'agit d'un majestueux palais, avec ses cours intérieures pour audiences publiques et privées, ses grandes esplanades, et vastes portes qui permettaient l'accès aux éléphants. Le musée situé à l'intérieur même des murs du palais permet de mieux approcher le quotidien de ces dynasties qui ne connurent que fastes et richesses. A la sortie, nous nous accordons un instant dans le Jantar Mantar, observatoire astronomique construit par le maharadjah Jai Singh II. Ce passionné d'astronomie et d'astrologie a d'ailleurs fait bâtir quatre autres observatoires  semblables dans le pays. La tête encore dans les étoiles, nous grimpons dans des rickshaw qui nous transportent au fil des petites rues marchandes de la vieilles villes. Tout y est organisé par corporation. La rue des bijoutiers, des ferronniers, des marchands de tissus. Chaque boutique est accolée l'une à l'autre et, ici, personne ne semble redouter la concurrence. Notre conducteur fait de son mieux pour extraire son vélo d'un autre âge, de la cohue des passants. Heureusement, dans ces ruelles étroites, les voitures ne peuvent accéder. L'atmosphère y est joyeuse, débordante d'activités. Dans un magasin, un vingtaine de femmes en sari font face à deux ou trois vendeurs qui déplient devant leurs yeux experts, des dizaines d'interminables rouleaux de tissus multicolores. Un employé du magasin leur apporte les tasses de thé pour les aider à mieux faire leur choix.  Nous déambulons ainsi véhiculés encore quelques minutes, avant de prolonger notre visite du bazar à pied. Ce n'est qu'au moment où le soleil déclinera, que nous prendrons le chemin de notre hôtel.

Demain s'annonce comme une journée particulière, nous avons rendez-vous avec le Tahaj Mahal, en espérant que le beau le temps sera à nos côtés. 
Texte Henry Lavesque, Photos Hélène Gros, Fabienne Lavesque
 

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