vendredi 18 septembre 2020

Bretagne Sud - 1

Chemin faisant, en route pour le golfe du Morbihan

Le chemin fait parfois la destination. Partis pour un long séjour dans le golfe du Morbihan, avec Vannes pour point de chute, nous voici, après trois jours de voyage à Uzerche, une charmante petite ville de trois mille âmes, située à une vingtaine de kilomètres au dessus de Brive, en Corrèze. C'est dire si nous avons pris « un peu de retard », dans notre périple, et dévié « quelque peu » de notre itinéraire. 

Après avoir franchi le viaduc de Millau, passé Rodez, nous avons fait un rapide arrêt à Figeac. Cette petite ville animée, mérite certainement une visite plus sereine et plus attentive. Nous avons le temps d'y rencontrer un libraire comme nous les aimons. Un libraire qui prend le temps de la discussion, du conseil, du partage sur telle ou telle lecture, et qui vous avoue sa chance de travailler dans une si belle librairie. Une librairie qui respire le livre, le bois, le papier, la poussière. Un librairie qui respire, tout simplement. Un petit moment de plaisir. 

Après Figeac, nous devions faire étape, si l'on en croit nos notes de route, à Brive la Gaillarde. Mais voilà, nous passons par le village médiéval de Martel, qui, sans le savoir, nous invite pour la nuit. Un petit parking juste en entrant dans le village, sous les marronniers, surplombant une magnifique parc, nous offre une agréable place pour passer le nuit. Et nous voilà partis, pour  la visite des étroites ruelles pavées, sur lesquelles se penchent les façades des maisons à colombage. Ce village est plein de charme. 

 A chaque détours de ruelles, apparaissent des portes sculptées, soutenant des maisons richement ornées.




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une superbe halle couverte, aux imposantes poutres de bois, occupe la place centrale, et abrite un chanteur des rues qui accompagne notre balade, sur les notes de « je l'aime à mourir » de Cabrel. 


Dans une petite rue adjacente, nous allons rencontrer le responsable de notre détournement d'itinéraire. Attirés pas un doux parfum de sucre et de cannelle, nous pénétrons dans une petite boutique vouée à la noix, et à tous ses « produits dérivés ». Huile, gâteaux, confitures, et noix roulées dans le sucre chaud... un délice.  Il faut dire que nous sommes dans la région des noix, les fameuses noix du Quercy. Depuis de nombreux kilomètres, nous avons pu apercevoir les noyers bordant les routes, envahissant des champs, et même dans les jardins des maisons. Notre artisan de Martel, était, non seulement, un bon vendeur de ses produits, mais également de sa région. Il nous conseille de visiter différents villages entourant Martel, avant de poursuivre plus loin notre périple.

Le début de soirée nous amène doucement autour d'un verre de vin blanc local, accompagné d'une planche de charcuteries et fromages de pays.

Après une bonne nuit, bien réparatrice, et sur les conseils de notre artisan rencontré la veille, nous descendons vers le village de Carennac. 

Problème sur la route, puisque à six kilomètres du village, nous faisons face à un pont limité en largeur à 2 mètres.  Notre fourgon fait 2 mètres 05 ! Face au problème : une solution, avec la mise en service des vélos. Cinq minutes après, nous voici pédalant sur une route agréable, ombragée, longeant la rivière, et très peu fréquentée. Après quelques coups de pédales, en assistance électrique, nous voici sur le petit pont qui ouvre le village de Martel, recroquevillé autour de son château et de son cloître. 


Ce village est un véritable saut dans le temps, on pourrait y croiser Thierry a Fronde ou Jacou le croquant, que personne n'en serait étonné. Martel est un village authentique qui mêle histoire et vie quotidienne. Tout y paraît d'une sincère sérénité. Il faut se perdre dans les ruelles, lever la tête pour découvrir les gargouilles, les encadrements de fenêtres, ou les petits balcons sous lesquels les damoiseaux courtisaient les damoiselles. 



Le soleil de midi vient illuminer les ruelles, et inonder de lumière la terrasse d'un petit restaurant, où nous dégustons avec appétit, un délice du Quercy au foie gras. La digestion se fera sur les six kilomètres retour à petits coups de pédale. A quelques kilomètres de là, et après un peu d'hésitation dans les vignes, nous parvenons au petit village de Loubressac, perché sur un pic rocheux, et dominant la forteresse du château de Castelnau-Bretenoux. Loubressac, est un tout petit village, éclaté en différentes maisons d'apparat, certainement résidences secondaires, avec voitures de sport sous les tonnelles. La visite y est tout de même  agréable, même si l'atmosphère générale laisse un goût neutre. 

Dans la descente de retour, nous faisons halte à l'impressionnante citadelle du château de Castelnau. Véritable vaisseau surplombant la vallée, le château offre une impression de puissance et de domination, au fur et à mesure que l'on sen approche. La visite se mérite, surtout par le petit chemin d'accès en pleine chaleur. L'intérêt du château réside dans ses extérieurs. Au pied des murs imprenables, la petite promenade offre un panorama à  trois cent soixante degrés. 




 

La fin de journée approche, et nous nous dirigeons doucement vers le petit village de Betaille. Nous devons passer la nuit sur le terres d' une exploitation de vin et de noix. La propriétaire nous reçoit avec sympathie, et nous fait déguster... neuf vins différents, de sa production, partant du blanc, passant par le rosé, pour finir par le rouge, et le fameux vin paillé de Corrèze. Un vin doux, issu de grappes de raisins laissées au séchage sur des cagettes de bois. Le nom « paillé », vient du fait, qu'avant, le raisin était laissé au séchage sur de la paille. Deux heures de dégustation et au lit !!! Il ne pouvait en être autrement, et nos voisins de fourgon, venus de Belgique, firent de même.

La nuit fût douce au cœur de l'exploitation, à dix mètre d'un joli champ d'abricotiers, et sous les majestueuses branches d'un chêne séculaire. 

Neuf heures du matin,, nos voisins Belges, sont déjà sur leurs vélos, pour une tournée de quatre vingt dix kilomètres. Pour nous, ce sera le marché de Meyssac, à quelques kilomètres. Meyssac, et les maisons de pierre rouge,  que nous allons retrouver tout au long de notre prochaine route. Le petit marché est agréable et ressemble à tous les marchés du monde. 


Tout  le monde s'y connaît, se salue se tutoie, y plaisante. Ici, on commente l'actualité, là son s'interroge sur le port du masque, ou sur le cour de la truffe. Bref, à chacun ses préoccupations. Un petit marchand de fromage de brebis, un maraîcher avec de jolies tomates, et nous partons avec le repas de midi dans le sac, direction Collonges-la-rouge à trois kilomètres. 

Comme son nom l'indique, ce village est entièrement bâti avec la pierre rouge de Meyssac. La visite pourrait être agréable, mais le côté « touristique à outrance », la rend décevante. Tout semble surfait, et même les habitants qui vivent là à l'année, semblent désabusés et agacés. On s'attend à voir arriver les sept nains de blanche-neige à tout moment. Cependant, si l'on fait abstraction de tout cela, on peut découvrir ce village, en imaginant la vie telle qu'elle tait autrefois (avant les touristes !).

 

 






Au détour d'une petite ruelle, on découvre la maison de Maurice Biraud, originaire de Collonges, acteur des années cinquante/soixante, notamment vu dans : « Le cave se rebiffe » avec Jean Gabin, ou « un taxi pour Tobrouk » aux côtés de Lino Ventura. Une petite halte pour déguster les produits du marché, et nous prenons la route, avec pour destination la petite ville de Uzerche. 
 
Ca y est nous dépassons Brive la Gaillarde ! Finit les pierres rouges, nous entrons en haute Corrèze, avec la pierre grise, et une atmosphère plus sombre. Uzerche, est une belle surprise. Le village est assis de chaque côté d'une belle rivière, distillant une eau tranquille dans laquelle les pêcheurs lancent et relancent leur fil, avec application et patience. Les maisons s'empilent, et empilent leurs étages pour s'élever jusqu'au château, et à l'église. La pierre grise est partout dès que l'on passe sous le porche donnant accès à la vieille ville. Solides et hautes maisons blotties les une contre les autres, larges places en pente, et superbe panorama sur la vallée, compose la belle promenade dans la ville. 
 

 





Les nuages arrivent d'un horizon déjà encombré, lorsque nous nous installons dans un petit jardin, menacé par l'imposante façade du château, et surplombant la rivière. Là, pendant une heure, nous assistons à une lecture interprétée, et à deux voix, d'extraits de deux livres de Romain Gary, et Emile Ajar : « La vie devant soi » et « La promesse de l'aube ». Un pur moment de bonheur, dans un cadre somptueux.




Demain, c'est jour de marché à Uzerche,  nous devons aller bien au delà de Limoges,  mais....demain est un autre jour !

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