lundi 28 septembre 2020

Bretagne Sud - 10

Belle île en mer

Il est six heures trente lorsque le réveil vient nous sortir d'un profond sommeil. Le bateau pour Belle île, part à huit heures et quart, il faut être sur place à sept heures quarante cinq. Une toilette rapide, un petit déjeuner sur le pouce, et nous voilà, sur nos vélos, traversant, les ruelles endormies de la petite ville. Seul, le kiosque à journaux, sur la grand place, est en train de se mettre en place, et le vendeur nous promet une belle journée. Nous le croyons aisément, car, en levant la tête, nous découvrons un ciel envahi d'étoiles. Au moment, d'embarquer, le soleil est seul maître, pas un nuage. La traversée, sur une mer d'huile, prend quarante cinq minutes. 

Nous mettons pied à terre, pour découvrir le village de notre débarquement : "Le Palais". Une bourgade resserrée, dans laquelle la mer pénètre, pour former deux petits ports, surveillés par l'imposante citadelle Vauban. Autrefois, ces hautes murailles défendaient l'île contre d'éventuelles invasions, notamment anglaises. Aujourd'hui, elles en sont l'une des attractions historiques. 


Nous sommes venus avec nos vélos, bien décidés à faire le tour de l’île, ou du moins, de profiter des plus belles vues, et des plus beaux sites. A commencer par le village de Sauzon. Sa route d'accès, permet d'apercevoir le village de haut, avec son entrée maritime, où déjà, la caravane des bateaux s'est mise en branle. Les maisons colorées se jouxtent. Une palette de couleurs qui se mirent dans l'eau tranquille du port. Les terrasses des bistrots sont fournies. On profite du soleil, les pieds sur les murets, et le chocolat chaud à la main. Ce village exprime une tranquillité presque enivrante. Il invite à faire étape aux nombreux cyclistes, partis de Le palais, au petit matin.  


De notre côté, nous poursuivons notre route. Derrière nous, l'horizon se drape d'un voile sombre. Le vent, peu à peu, se renforce et se rafraichit. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous passons d'une matinée toute estivale,  à une journée presque hivernale. C'est dans le froid, que nous accédons à la pointe des poulains. Drôle d'endroit pour y fixer une villégiature. La lande battue par le vent, y côtoie, une mer déchaînée, qui vient se briser sur des falaises grises, en une symphonie toute wagnérienne. C'est pourtant là, que la tragédienne Sarah Bernard, avait décidé de venir se retirer. Sa maison, à l'étonnante architecture rectangulaire, sorte de petit fort, semble tenir en équilibre, prête à subir les assauts destructeurs venus de la mer. C'est un décors de tragédie théâtrale, qui n'aurait pas déplu à Shakespeare, et l'on comprend mieux le choix désespéré de Sarah Bernard. 


Nous poussons la promenade, retenant fermement nos casquettes, jusqu'au phare des Poulains, avant de revenir récupérer nos bicyclettes, et de prendre la route vers la plage de Donnant. 

A peine les pieds dans la sable, que le ciel s'ouvre, comme la mer rouge en son temps, pour laisser passer le soleil, et un ciel d'un bleu éclatant. Les surfeurs du golfe retrouvent le sourire, équilibristes sur des vagues encore timides, qui viennent mourir, sur la large plage de sable blanc.


Le grand phare de Goulphar, et ses deux cent quarante sept marches, nous offre un panorama magique, portant la vue sur l'île à trois cent soixante degrés. Ce phare recèle une histoire propre et émouvante, celle des gardiens de phares. Ces hommes et femmes, et parfois familles, qui devaient, au péril de leurs vies et quoiqu'il arrive, maintenir vive la lumière clignotante, unique repère des bateaux dans la profondeur des nuits.


Les aiguilles de Port Coton, toutes proches, renvoient une image spectaculaire. Les roches sculptées par les fracas de la mer, et le souffle du vent, s'élancent vers le ciel comme surgit des profondeurs, projetées par un mystérieux chevalier aquatique.


Avant de retrouver Le Palais, nous faisons une courte halte, sous un soleil d'été, à la scintillante plage de Bordardoué. Une large bande de sable doré, encadrée de chaque côté par une falaise épineuse, lui donnant un abri réconfortant.



La journée touche à sa fin. Nous revoilà, déambulant au soleil couchant, dans les ruelles encombrées de vélos, randonneurs et véhicules de toutes sortes, impatients de prendre le bateau du retour.

Cette journée passée sur Belle île, correspond parfaitement aux échos qui nous avaient été donnés. L'île recèle de magnifiques trésors. Les petites routes à la circulation minimaliste, serpentent à travers la lande, sous les branches épaisses de pins et autres eucalyptus, le long des clôtures où paissent vaches et chevaux, se frayent un passage en bordure des genêts encore en fleur, avec toujours à l'horizon, la mer et ses écumes blanches. Depuis ce matin, nous avons arpenté l’île, couvrant une trentaine kilomètres à vélo, cinq ou six kilomètres à pied, et les deux cent quarante sept marches du phare de Goulphar. Nous mériterons bien d'apprécier le bon far breton acheté en cours de route.


L'arrivée sous le soleil à Quiberon se fera vers dix neuf heures trente. Nous retrouvons notre fourgon avec bonheur, prêts pour une bonne nuit de sommeil.


 

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