lundi 21 septembre 2020

Bretagne Sud - 3

Notre arrivée en Morbihan

Nous arrivons à Montmorillon en fin de journée. La pluie nous y attend depuis quelques heures, et semblait impatiente de déverser sur nous des litres et des litres d'eau. Juste le temps de sortir pour acheter un pain, et papoter avec une joviale boulangère, qui nous assure une journée de dimanche bien paisible, au niveau de la météo. 

Au matin, les nuages gris se sont enfuis. Le soleil tente et réussi une percée, faisant scintiller les toits encore humides de la petite ville. La boulangère nous avait promis une journée paisible. Il faut bien lui reconnaître raison. Entre les commerçants ayant déserté leur magasin pour congés annuels, et les boutiques fermées le dimanche, nous n'avons croisé que quelques marcheurs et cyclistes matinaux. Pourtant, par journées animées, Montmorillon doit, très certainement, délivrer ses charmes. Les ruelles bien entretenues, éclatent autour de la rivière de chaque côté du pont ancien qui l'enjambe. Montmorillon est connue pour sa cité du livre, avec son petit musée de la machine à écrire. De nombreuses librairies s'y succèdent, entre des boutiques de livres anciens, de bouquinistes façon quai de seine à Paris, et ateliers de calligraphies. Ça et là, des textes d'auteurs aux fenêtres, et une roseraie originale, composée de divers rosiers, baptisés aux noms d'écrivains, tels que Pagnol, Rimbaud, Colette, Prévert et autres. Malheureusement, les rosiers n'étaient pas en fleurs ce jour-là, saison oblige. Une bonne heure de promenade. 




 

Il nous faut reprendre la route qui s'annonce longue aujourd'hui, car nous devons contourner Poitiers, aller jusqu'à Nantes, et bifurquer vers Vannes. Le trajet se passera sans encombre, juste un petit ralentissement au quartier de la "beaujoire" à Nantes, où avait lieu le match de foot Nantes- Saint-Étienne. Il est à peine dix huit heures, lorsque nous parvenons à notre stationnement, à l'arrière de la "Maison du Cidre". Nous nous garons sur une belle pelouse bien verte et bien épaisse, à quelques mètres d'une petit plan d'eau où batifolent poules d'eau et canards. Le village de Le Hezo, est à quelques centaines de mètres. Nous y faisons notre promenade du soir, qui doit nous amener voir l'océan, pour la première fois. Car, cette fois, ça y est, nous sommes bien arrivés dans le sud du Morbihan. Le soleil décline doucement. L'air est agréable, et le ciel gagne en bleu, loin des idées reçues sur le temps en Bretagne. Le village  s'organise autour de sa petite église. Les maisons aux toits pentus, d'ardoise sombre, se succèdent hautes ou basses, s'offrant à la vue comme les vagues d'une mer agitée. Nous marchons jusqu'au pont du moulin. L'océan est déjà parti, ou plutôt s'est retiré. La marée a fait son œuvre, nous ne verrons pas de mer ce soir. Le paysage n'en est pas moins sublime. Avant de partir, l'océan a laissé ses traces. Là, vertes d'algues, ici, marrons de longs filaments dégoulinants. Il reviendra tout effacer, pour repartir à nouveau, en allées et venues incessantes. La nuit vient à nous. Il est temps de rentrer. 






La pluie est quand même venue jouer avec le toit de notre fourgon, au cœur de la nuit. Il fallait bien cela, nous sommes en Bretagne !      

L'herbe autour du fourgon est encore bien humide avec la pluie de la nuit. Ce matin, il fait bon, et bien que nuageux, le ciel n'a rien de menaçant. Nous n'avons pas beaucoup de kilomètres prévus. Nous allons rester dans cette petite région de la côte sud du golfe du Morbihan, et notamment dans la presqu'île de Rhuys. 

En toute fin de matinée, après avoir acheter bouteilles de cidres et biscuits bretons, nous nous dirigeons vers le château de Suscinio, à une vingtaine de minutes de route. Ce château a été restauré dans les années quatre vingt, après avoir été acquis par le département. Jusque là, et depuis sa construction, il avait subi les remous de l'histoire, entre guerres, révolution, désintérêt et oubli. Les travaux de restauration sont une réelle réussite. Son aménagement intérieur, discret, mais efficace, propose un saut dans le temps, dans l'histoire, qui accroche l'intérêt et la curiosité. C'est un domaine plus qu'un château, qui, en plus, vous plonge dans les légendes du roi Arthur, de Merlin, et des chevaliers de la table ronde en quête du "Graal". 







 

Nous y consacrons deux bonnes heures, avant de nous aventurer dans le petit village de Banastère, et sa belle et longue promenade face à l'océan, ce dernier, à nouveau aux abonnés absents !

Un peu plus loin, nous faisons halte à Saint Gildas de Rhuys, avec son abbatiale et son église imposante. La semaine dernière, ce village était le cadre du festival du "carnet intime" ! C'est un petit bourg tout en délicatesse, avec bistrots joyeusement bruyants, voisinant avec boutiques et maisons, décorées avec goût et équilibre. 

La journée s'achève déjà, et nous devons trouver endroit pour "loger" notre fourgon. Ce sera fait à Port Navalo, face à l'océan, qui, ce soir, est bien là. Nous garons le fourgon sur un emplacement "plus ou moins" autorisé à dix mètres de l'océan que nous surplombons. La vue est magnifique, d'autant plus que le soleil couchant vient chatouiller les vagues hésitantes. L'air est frais en cette fin de journée, mais encore agréable. Nous partons à pied, emprunter le chemin côtier, qui nous mène jusqu'au petit port, où les voiliers, barques de pêche, et bateaux passagers, se disputent les eaux calmes de la petite baie. Sur nos "mange debout", face à l'activité du port, nous dégustons un kir breton (cidre et liqueur de cassis). Un bateau joue de la trompe et s'amarre au quai, pour déverser ses nombreux passagers encombrés de valises. Un pêcheur pli sa canne, avec empressement,  pour un rendez-vous amoureux (conversation surprise au téléphone). Des couples enlacés passent devant nous pour se perdre sur le chemin côtier. Des dames, dignes, se laissent conduire par de petits chiens effrontés, et, au fond du chenal, l'océan arrive au galop pour envahir les terres qu'il avait désertées. Nous ne nous lassons pas de ces tableaux successifs et de ces personnages pittoresques. Nous regardons les gens passer, et nous ne voyons pas le temps passer. Le clocher de l'église toute proche, sonne ses huit coups. Il est temps de regagner le fourgon, en reprenant le petit chemin côtier. Juste avant la nuit, les pêcheurs jettent leurs filets. Les derniers promeneurs se dépêchent, allongent le pas, rajustent le col de leur pull-over. L'air se fait tout à coup plus frais.

Nous nous installons face à l'océan, face à l'écran du parebrise. Le film du soir est magnifique. Nos rêves seront beaux.







 

 

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