jeudi 24 septembre 2020

Bretagne Sud - 6

L'île aux moines

Le bateau pour l’île aux moines est pile à l'heure. De nombreux touristes et iliens embarquent. Découpe de billets, rangement des vélos sur le pont avant, installation dans la cabine passager, et nous voilà déjà arrivés. Traversée éclair.

 

A l'arrivée sur l'île, il fait un beau soleil, avec un petit vent marin presque frais. A la descente du bateau, nous enfourchons nos vélos, et c'est parti pour le tour de l'île, dans une lumière estivale, même si de gros et sombres nuages commencent à barrer l'horizon. On peut accéder à bicyclette à trois pointes de l'île. Tout est parfaitement organisé, il suffit de suivre les traces au sol. Bleu, pour un circuit de dix kilomètres. Jaune, six kilomètres, et rouge, cinq kilomètres. Onze heures passées, nous voici à suivre les traces bleues du plus long trajet. C'est une petite route bitumée, qui, tout d'abord, serpente dans les rues étroites du bourg, avant de se perdre, en petites côtes et descentes, dans une nature sauvage. 

Nous prenons le temps d'admirer les petites maisons basses, dont quelques unes ont conservé leur toit de chaume, ainsi que de majestueuses demeures, entourées de larges et profonds parcs ponctués par une petite plage donnant sur l'océan. L'uniformité des façades blanches, avec leurs portes et fenêtres peintes de bleu, pourrait paraître monotone. Mais, non ! Ici, elle révèle une appartenance, une identité encrée, celle de l'île, de l'insularité. 

 

Nous faisons une courte étape au Cromlec'h de Kergonan, imposant et énigmatique alignement de menhirs. Nous poursuivons notre route, alors que le soleil décide de nous lâcher, fatiguer de lutter avec les nuages bien trop nombreux. Une fine pluie commence à former un rideau devant nous, et le vent vient ajouter sa fraicheur. Nous nous obstinons à suivre le deuxième parcours, le jaune.  Là, c'est la tempête qui nous rattrape, et juste parvenu à la pointe, c'est un déluge d'eau. Nous revenons au village, trempés jusqu'aux os et frigorifiés. Un restaurant fera office d'abri. Nous y dégustons un mi-cuit de thon sauce kyriaki, vraiment délicat, arrosé d'un petit verre de cidre. Nous pourrons, un peu plus tard, faire le troisième parcours sous une pluie fine, et revenir au port, juste au moment de l'embarquement pour le retour vers le continent.

C'est la fin de saison sur l'île aux moines. Les persiennes des maisons faisant face à la mer sont repliées, les volets fermés, et les meubles de jardin, soigneusement rangées sous leur abri. Ils attendront là, que vienne la saison prochaine. Sur le quai, les touristes se font rares. Blottis dans leur ciré breton, ils sont les derniers portés par la vague. Les restaurants hésitent à déplier leurs terrasses, et les petites carrioles, qui servent à transporter les courses ou les valises, baissent la tête, paraissant bien malheureuses d'être oubliées sur le trottoir. Les habitants de l'île, eux, ont le sourire, se saluent de la main, heureux de retrouver leur île, de pouvoir en disposer à nouveau. Des personnages pittoresques, des situations saugrenues, animent le quai. Les oiseaux semblent s'amuser de ce vide automnal. Les genêts, dernière touche jaune du tableau, luttent pour garder leurs fleurs soumises aux caprices des vents.

C'est une fin de saison sur l'île aux moines. Une fin de saison qui ressemble à toutes les fins de saison qui se sont succédé avant elle. Une fin de saison qui en annonce une nouvelle.

 




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