jeudi 16 février 2017

004 - Sur la route des vins


Contrairement à nos craintes, la sortie du Cap, au beau milieu d'une circulation dense, tout en répondant à des règles de conduite différentes de France, s'est déroulée en souplesse. Bien serrer la route à gauche, doubler par la droite, tout cela demande pas mal de concentration, mais on finit par s'y faire, au bout de quelques kilomètres. Le ciel est chargé de nuages, et le réceptionniste de l'hôtel nous a annoncé la pluie pour la fin de la matinée.

Après trois journées passées au cap, nous partons pour la première de nos nombreuses étapes, dont la dernière nous mènera jusqu'à Johannesburg.

La ville de Stellenbosch, se trouve à moins de cinquante kilomètres du Cap, et nous y parvenons au bout d'une heure d'un trajet sans le moindre problème. Nous passons en tout premier lieu, à notre guest house « Evergreen Lodge », afin d'y déposer nos bagages, avant de pousser plus loin. Comme à chaque fois, depuis notre arrivée en terres Sud-Africaines, nous sommes reçus avec une extrême gentillesse. La maison est un charmant mélange d'influence Victorienne et Hollandaise. Le parquet ciré craque à chacun de nos pas dans le petit hall d'accueil, richement décoré. Le moindre détail est étudié pour l'accueil des visiteurs, à en juger par la série de parapluies noirs identiques, alignés contre le mur. Sur une guéridon, un petit Brandy de bienvenue, nous attend sur un plateau de porcelaine dans une petite carafe de cristal, encadré de deux verres à pied. L'atmosphère est désuète à souhait, c'est une Afrique du Sud presque nostalgique que nous rencontrons aujourd'hui. Le jardin fleuri tout autour de la maison, avec sa petite piscine, donne la touche finale à ce tableau sorti d'une époque passée. 




Laissant derrière nous, notre maison d'un jour, nous nous enfonçons dans la large vallée, où les grappes de raisin se nourrissent du chaud soleil Africain. C'est d'ailleurs cette chaleur propre à la région, qui donne au vin sa forte concentration en alcool. Les degrés du vin oscillent ici, entre 12 et presque 15 degrés. Nous apprenons tout cela en écoutant les explications d'une charmante œnologue Française, au « domaine Marianne », où nous avons fait halte pour une dégustation. Cinq vins nous sont proposés, un Sauvignon blanc , un rosé, et trois rouges, parmi lesquels le fameux « Floréal », dont un des millésimes précédents, fut servi à Buckingham Palace, à l'occasion des quatre vingt dix ans de Nelson Mandela. Installés sur une terrasse spacieuse dominant le vignoble, et profitant du soleil qui vient de faire son apparition, nous goûtons successivement les vins, en essayant de trouver les parfums évoqués par notre œnologue.







 Sur un long plateau de bois, du biltong (viande séchée de bœuf, de Coudou (grosse antilope aux grandes cornes enroulées), et de springbok), accompagne les vins. Cet agréable moment se prolongera deux bonnes heures, avec au bout du compte l'achat de quelques bouteilles à ramener en France. Nous quittons le « Domaine Marianne », pour filer, tout en longeant les vignes, jusqu'à la petite ville de Franschhoek. En cours de route, des noms familiers attirent notre attention : « Le pommier », « Le bonheur », « La maison », « L'auberge du paysan », pour ne citer qu'eux. Autant de noms laisser par les propriétaires Français venus planter et exploiter la vigne, il y a de nombreuses années. Les paysages sont magnifiques, les vignes semblent monter vertigineusement jusqu'aux pentes escarpées des hautes montagnes ceinturant la vallée.




Nous arrivons enfin à Franschhoek, petite bourgade, musée vivant du temps où les hollandais étaient les maîtres. Une étrange atmosphère émane de cette ville. Ici, tout est tiré au cordeau, pas un papier par terre, les maisons sont parfaitement alignées, les façades peintes de frais, et les jardins taillés avec précision. Des femmes élégantes et d'un âge certain, donnent le bras à des messieurs panama sur la tête, et portant pantalons blancs. On déguste son thé ou son café, le petit doigt en l'air. De luxueuses voitures sont parfaitement alignées, entre les nombreuses églises. Cette ville a été fondée en 1866 par les Huguenots Français, un important monument en témoigne, tout au bout de l'artère centrale, auquel s’appuie un musée retraçant l'histoire de l'arrivée de ces colons. Après Le Cap, ville jeune, tournée vers l'avenir, porteuse d'espoir pour la nation « arc en ciel », nous découvrons cette petite ville de Franschhoek, comme le dernier bastion d'une population tournée vers son passé, désireuse de protéger ses privilèges. Il doit faire bon vivre ici, pour peu que l'on oublie tout ce qui se passe autour.




 
Après avoir déambulé dans les rues impeccables, et dégusté une délicieuse glace artisanale, nous reprenons la route vers notre guest house. La journée se termine doucement, le soleil qui, malgré les prévisions s'est montré fort généreux, abandonne petit à petit la lutte, pour disparaître derrières les rangées de vignes. 



Un bon repas partagé, dans un restaurant de Stellenboch vient clôturer cette nouvelle et bien agréable journée.


Demain, nous partons pour la terre des autruches, mais avant, un périple de plus de 400 kilomètres nous attend.




Texte : Henry Lavesque
Photos : HLN et FL

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