mardi 21 février 2017

009 - Plein les yeux

Soudain, aux détours de la piste, notre guide nous fait signe de ralentir la voiture, et de ne pas faire de bruit. A notre droite, les feuillages bougent, et une masse brune semble se faufiler. Tout à coup, il est là, devant nous, à quelques mètres, nous pourrions presque le toucher. Ses deux défenses blanches pointes vers le ciel, et sa trompe arrache des brassées de branchages aux pointes acérées, qu’il porte à sa bouche et mastique avec appétit. Depuis quelques minutes, nous recherchions et espérions cette rencontre, l'éléphant est bien au rendez-vous.


Nous étions arrivés hier soir vers 18 heures, au « Addo Eléphant National Park ». Une réceptionniste fatiguée et avare de renseignements avait fini par nous accorder un regard, et un sourire, au moment de nous remettre nos clés. Quelques minutes plus tard, nous nous installions dans nos confortables chalets de rondins, perdus en pleine nature, juste au moment où la nuit s'emparait de l'horizon. Notre traditionnel « sauvignon blanc » dégusté, nous entrions dans notre sommeil, rythmé par des visions d'éléphants.

A 7h30, tout le monde sur le pont. Jumelles, caméras, appareils photos, il ne faut pas perdre de temps. L'éléphant n'attendra pas. Comme un signe du destin, à peine notre voiture démarrée, qu'une petite biche croise devant nous, semblant nous inviter à la suivre. Nous parvenons à l'entrée de la réserve, et sur le conseil du gardien, nous emmenons avec nous un guide local, qui nous sera d'une aide précieuse, tout au long de la matinée. Cinq minutes que nous roulons, lorsque un couple de phacochères détale devant nous. 
Nous tournons la tête sur un geste de notre guide, pour apercevoir des magnifiques Koudous, dans leur robe brune et noire, portant de magnifique bois. (Les Koudous sont de très grosses antilopes, pouvant atteindre la vitesse de 75 kilomètres heure). 




Quelques centaines de mètres plus loin, c'est l'émerveillement. Une famille de zèbres broute l'herbe tranquillement tout près de la piste. Ces petits équidés sont vraiment superbes. Leurs rayures uniformes, forment un dégradé de noirs allant jusqu'au marron. Immobiles, ils paraissent faits de porcelaine. Seules, leurs crinières en brosse se plient sous les bourrasques du vent matinal. 



Il n'y a qu'une vingtaine de minutes que nous roulons dans la réserve, et déjà, nous avons pu apercevoir de nombreuses espèces d'animaux. Au bout d'un ligne droite, caché par un bosquet, un buffle se nourrit de baies. Il sera le numéro un de notre " big five". Le « big five » est composé du buffle, du léopard, du lion, de l'éléphant et du rhinocéros. Il faut avoir vu ces cinq animaux pour réunir son « big five ». 


Les appareils crépitent depuis bien longtemps, et les commentaires fait de oh !! de ah !! se succèdent. Quand tout à coup...........le face  face tant attendu. L'éléphant. Plutôt les éléphants, car ils sont bien une bonne dizaine à se goinfrer de branchages. Une imposante femelle croise la piste devant nous, bientôt rejointe en toute précipitation par son petit éléphanteau, qui se réfugie entre les hautes pattes de sa mère. Tout le groupe leur emboîte le pas, et nous nous régalons du spectacle. Nous avons beaucoup de chance, nous concède notre sympathique guide. Il pensait bien qu'il serait beaucoup plus difficile, aujourd'hui, de rencontrer les éléphants.








Pendant près de cinq heures nous arpentons la réserve du nord au sud. Le « Addo Eléphant Park » est immense, et nous parcourrons plus de cent kilomètres.  D'autres zèbres, des tortues géantes, des élans d'Afrique, des chacals.....et même un rhinocéros. Malheureusement, nous ne pourrons le voir de nos yeux, étant bien trop loin. Mais, notre guide à l’œil affûté, a eu le réflexe d'en faire une photo. Nous nous mettons à la recherche de lions, dans le sud de la réserve, mais cela sera sans réussite. Nous passons à l'endroit même, où les lions, le jour précédent, s'étaient nourris d'un jeune buffle, dont la carcasse gît encore là. Mais, les lions ne sont pas revenus achever leur repas. Tout en poursuivant, nous surprenons un groupe d'éléphants installé en cercle autour d'un point d'eau, se rafraîchissant. Phacochères, antilopes bikini, éléphants solitaires, et petits singes, agrémentent notre trajet de retour. 
Il est près  de 14 heures, et nous devons envisager la route qui doit nous mener jusqu'à la petite ville de Cradock, qui se trouve à plus de 200 kilomètres. Cette distance est vite parcourue sur une nationale impeccable, à la circulation légère. Nous entrons à Cradock vers 16 heures. Nous aménageons au « Die Tuishuise et Victoria Manor ». L’hôtel est composé d'un grand bâtiment et, chose étonnante, d'une quinzaine de maisons qui constituent la rue « Market street ». 




Nous disposons pour nous deux, d'une maison entière, du plus pur style « cape dutch », style colonial spécifique aux afrikaners. La maison dispose de trois chambres, une salle de bains, un salon, une salle à manger, une cuisine. Le mobilier y est d'époque jusqu'à la tasse à café ou les interrupteurs en cuivre. Vraiment surprenant, et très agréable. 



Cette petite ville ne vaut que pour y faire étape, mais une soirée dans cet établissement vaut vraiment le détour. La salle à manger du restaurant est dans le même et unique style. Nous y dégustons, à la lueur feutrée des bougies, le succulent agneau du Karoo, arrosé de l'incontournable Sauvignon Sud-Africain.
Demain, nous poursuivons notre course vers le Nord de pays. Petit à petit, il nous semble quitter l'Afrique du Sud, pour pénétrer dans le Sud de l'Afrique.


Texte : Henry Lavesque
Photos : HLN et FL

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