samedi 19 janvier 2019

002 - Dans les pas de "Papa"

A La Havane, le "Floridita", et la "Bodeguita del medio" sont les premiers lieux à découvrir pour qui se lance sur les traces d'Ernest Hemingway.
Grand amateur de boissons alcoolisées, l'écrivain y avait ses habitudes. Il fit la renommée d'un nouveau cocktail : le daïquiri et appréciait toujours de prendre un bon mojito : "Mon daïquiri au Floridita et mon mojito à la Bodeguita".

La vielle Havane peut se visiter tout en gardant en mémoire et pour fil conducteur, les habitudes de "papa". C'est ainsi que le surnommait ses amis cubains. L’hôtel "Ambos mumdos", par exemple, au bas de l’interminable rue Obispo, où il séjourna souvent, avant de s'installer dans sa villa.
Les bouquinistes de la vieille place, située juste après, proposent "le vieil homme et la mer" sous diverses éditions, plus ou moins récentes. Des livres usés, tordus, jaunis, maintes fois lus et pris en mains. “Pour qui sonne le glas”, “Les neiges du Kilimandjaro”, parmi les plus connus, se disputent les étals, à coté du journal de voyage de Che Guevara et la poésie de José Marti. Bien entendu, on trouve les photographies et les posters noir et blanc de la période cubaine d’Hemingway.

Pour suivre un peu plus les traces d'Ernest, il faut ensuite quitter la ville, et s'éloigner de quelques kilomètres. A San Francisco de Paula, petit village animé et coloré, se trouve la finca “Vigia”. Hemingway avait élu domicile dans cette propriété, où il trouva la tranquillité indispensable à l'écrivain et le décor idéal au fêtard noctambule qu'il était. La villa se visite sans pour autant la pénétrer. Les touristes sont invités à faire le tour de la maison qui reste portes et fenêtres grandes ouvertes pour les photos. Le décor des années cinquante évoque le vie de l'écrivain. Ses années espagnoles par d'immenses affiches de corridas, et ses années africaines, par des trophées de chasses, accrochés aux murs. Sa machine à écrire côtoie les fusils du râtelier, comme un signe du destin, ou le rapide résumé d'une vie d'aventures.
Tout autour, le parc envahi d'une végétation luxuriante, invite à une certaine douceur de vivre, à l'ombre des grands arbres. Le petit chemin qui descend de la maison, amène jusqu'à la piscine où, dit-on, de belles actrices américaines comme la sublime Ava Gardner, aimaient à se baigner. Quatre petites tombes bordent un côté de la piscine. Ce sont celles des quatre chiens de “papa”. Cela pourrait étonner, si on s'arrête à l'image  d'homme bourru et chasseur de l'écrivain aventurier. La sensibilité de l'artiste très certainement ? 

La visite de la villa est un agréable moment. Elle permet de se replonger dans l’œuvre d’Hemingway, tout en parcourant les lieux et les instants de sa vie cubaine. Cette visite est aujourd'hui le rendez-vous de nombreux touristes, et notamment d'américains venus se plonger dans le passé de ce compatriote pas comme les autres.

On retrouve trace du passage d'Hemingway, dans le petit port de Cojimar, situé à un quinzaine de kilomètres. C'est là que l'écrivain trouva l'inspiration du “vieil homme et la mer”, prix Nobel de littérature en 1954. Il y rencontra le héros de son livre, et y venait souvent pour de longues et intenses parties de pêche au large. Le fantôme d'Hemingway rode dans les rues du petit village de pêcheurs, aujourd’hui bien décrépi. Le buste de l'écrivain se dresse au bout de la jetée, au pied du petit fortin où les touristes aiment à se faire prendre en photographies. 

Cojimar est un bateau naufragé, submergé par les flots d'un passé sans retour. Reste, le restaurant “la terraza”, où Hemingway venait apprécier rhum et bonnes paroles, après ses sorties en mer. Les murs y sont constellés de ses portraits comme pour retenir le temps.

Il faudra aux habitants de Cojimar faire preuve d'autant de ténacité et de volonté qu'en a eu le vieil homme face à l'espadon, s'ils veulent arriver à sauver leur petit port des assauts de l'océan et de l'ennui.

Sur le chemin du retour vers une Havane baignée dans la douce pénombre du soleil couchant, on se plait à imaginer Ernest Hemingway au volant de sa Pontiac, gros cigare en bouche, le vent jouant dans ses cheveux blancs et hirsutes, se délectant à l'avance de son daïquiri journalier.

Passer une journée havanaise dans les pas d'Hemingway offre l'opportunité  d'une découverte nostalgique. Une nostalgie qui reste le guide idéal de la capitale cubaine.

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