Contrairement à nos
craintes, la sortie du Cap, au beau milieu d'une circulation dense,
tout en répondant à des règles de conduite différentes de France,
s'est déroulée en souplesse. Bien serrer la route à gauche,
doubler par la droite, tout cela demande pas mal de concentration,
mais on finit par s'y faire, au bout de quelques kilomètres. Le ciel
est chargé de nuages, et le réceptionniste de l'hôtel nous a
annoncé la pluie pour la fin de la matinée.
Après trois journées
passées au cap, nous partons pour la première de nos nombreuses
étapes, dont la dernière nous mènera jusqu'à Johannesburg.
La ville de Stellenbosch,
se trouve à moins de cinquante kilomètres du Cap, et nous y
parvenons au bout d'une heure d'un trajet sans le moindre problème.
Nous passons en tout premier lieu, à notre guest house « Evergreen
Lodge », afin d'y déposer nos bagages, avant de pousser plus
loin. Comme à chaque fois, depuis notre arrivée en terres
Sud-Africaines, nous sommes reçus avec une extrême gentillesse. La
maison est un charmant mélange d'influence Victorienne et
Hollandaise. Le parquet ciré craque à chacun de nos pas dans le
petit hall d'accueil, richement décoré. Le moindre détail est
étudié pour l'accueil des visiteurs, à en juger par la série de
parapluies noirs identiques, alignés contre le mur. Sur une
guéridon, un petit Brandy de bienvenue, nous attend sur un plateau
de porcelaine dans une petite carafe de cristal, encadré de deux
verres à pied. L'atmosphère est désuète à souhait, c'est une
Afrique du Sud presque nostalgique que nous rencontrons aujourd'hui.
Le jardin fleuri tout autour de la maison, avec sa petite piscine,
donne la touche finale à ce tableau sorti d'une époque passée.
Laissant derrière nous, notre maison d'un jour, nous nous enfonçons
dans la large vallée, où les grappes de raisin se nourrissent du
chaud soleil Africain. C'est d'ailleurs cette chaleur propre à la
région, qui donne au vin sa forte concentration en alcool. Les
degrés du vin oscillent ici, entre 12 et presque 15 degrés. Nous
apprenons tout cela en écoutant les explications d'une charmante
œnologue Française, au « domaine Marianne », où nous
avons fait halte pour une dégustation. Cinq vins nous sont proposés,
un Sauvignon blanc , un rosé, et trois rouges, parmi lesquels le
fameux « Floréal », dont un des millésimes précédents,
fut servi à Buckingham Palace, à l'occasion des quatre vingt dix
ans de Nelson Mandela. Installés sur une terrasse spacieuse dominant
le vignoble, et profitant du soleil qui vient de faire son
apparition, nous goûtons successivement les vins, en essayant de
trouver les parfums évoqués par notre œnologue.
Sur un long
plateau de bois, du biltong (viande séchée de bœuf, de Coudou
(grosse antilope aux grandes cornes enroulées), et de springbok),
accompagne les vins. Cet agréable moment se prolongera deux bonnes
heures, avec au bout du compte l'achat de quelques bouteilles à
ramener en France. Nous quittons le « Domaine Marianne »,
pour filer, tout en longeant les vignes, jusqu'à la petite ville de
Franschhoek. En cours de route, des noms familiers attirent notre
attention : « Le pommier », « Le bonheur »,
« La maison », « L'auberge du paysan », pour
ne citer qu'eux. Autant de noms laisser par les propriétaires
Français venus planter et exploiter la vigne, il y a de nombreuses
années. Les paysages sont magnifiques, les vignes semblent monter
vertigineusement jusqu'aux pentes escarpées des hautes montagnes
ceinturant la vallée.
Nous arrivons enfin à
Franschhoek, petite bourgade, musée vivant du temps où les
hollandais étaient les maîtres. Une étrange atmosphère émane de
cette ville. Ici, tout est tiré au cordeau, pas un papier par terre,
les maisons sont parfaitement alignées, les façades peintes de
frais, et les jardins taillés avec précision. Des femmes élégantes
et d'un âge certain, donnent le bras à des messieurs panama sur la
tête, et portant pantalons blancs. On déguste son thé ou son café,
le petit doigt en l'air. De luxueuses voitures sont parfaitement
alignées, entre les nombreuses églises. Cette ville a été fondée
en 1866 par les Huguenots Français, un important monument en
témoigne, tout au bout de l'artère centrale, auquel s’appuie un
musée retraçant l'histoire de l'arrivée de ces colons. Après Le
Cap, ville jeune, tournée vers l'avenir, porteuse d'espoir pour la
nation « arc en ciel », nous découvrons cette petite
ville de Franschhoek, comme le dernier bastion d'une population
tournée vers son passé, désireuse de protéger ses privilèges. Il
doit faire bon vivre ici, pour peu que l'on oublie tout ce qui se
passe autour.
Après avoir déambulé
dans les rues impeccables, et dégusté une délicieuse glace
artisanale, nous reprenons la route vers notre guest house. La
journée se termine doucement, le soleil qui, malgré les prévisions
s'est montré fort généreux, abandonne petit à petit la lutte,
pour disparaître derrières les rangées de vignes.
Un bon repas partagé,
dans un restaurant de Stellenboch vient clôturer cette nouvelle et
bien agréable journée.
Demain, nous partons pour
la terre des autruches, mais avant, un périple de plus de 400
kilomètres nous attend.
Texte : Henry Lavesque
Photos : HLN et FL
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire