Il est sept heures du
matin. Le soleil avance précautionneusement sa lumière sur la
ville. Le Cap, encore endormi, reçoit joyeusement les premiers
rayons, qui annoncent une chaude journée. A treize heures, le
thermomètre frôlera les trente cinq degrés. Tout en fixant le
plafond de notre chambre, je me remémore notre parcours d'hier,
notre visite au musée du « district 6 », ces bancs
réservés aux blancs ou interdits aux non-blancs, les paroles de
notre guide sur la lutte de Nelson Mandela. Je me dis que si les
défenseurs de l'apartheid avaient pris le temps de contempler leur
ville, tout en haut de la « Table Mountain », je me dis
qu'ils auraient pu s'apercevoir que vu de là-haut, les femmes et les
hommes du Cap, ne sont que de minuscules points. Que, vu de là-haut
ces points infimes sont tous identiques. Que, vu de là-haut, il n'y
a aucune différence. Que, vu du ciel, les hommes sont tous égaux,
juste de simples petites pointes, les unes semblables aux autres, et d'une
même couleur. Je me dis que ces gens-là auraient dû prendre de la
hauteur.
Pour cette troisième
journée au Cap, nous devons en premier lieu récupérer notre
voiture de location. Dès l'ouverture de l'agence, nous avons vite
fait de recevoir les clés de notre véhicule, et de nous retrouver
dans le trafic matinal, après quelques petites hésitations
techniques. Volant à droite, conduite à gauche, boite
automatique........Kalama, notre guide est resté à nos côtés pour
cette nouvelle journée. Vers huit heures, notre petit van, prend la
route de la pointe la plus au Sud de l'Afrique (presque) : Le
cap de Bonne Espérance. Avant de toucher le Cap du doigt, nous
faisons une petite halte à « Hout Bay », station
balnéaire et portuaire. Là, nous embarquons pour l'île aux
phoques. Vingt minutes de bateau, pour parvenir aux abords d'une
toute petite île, plutôt un récif rocailleux, sur lequel
s'entassent des milliers de phoques. Certains s'ébrouent, la grosse
majorité se dore au soleil, pendant que d'autres, les nageoires en
l'air, se laissent porter par les flots. Des images sympas pour
entamer la journée.
Désormais, le temps
presse, car la route touristique qui serpente en surplomb de l'océan,
sera fermée à partir de neuf heures trente pour entretien des
bas-côtés. Fort heureusement, nous sommes à l'heure, et nous
passons avant la fermeture de la route. Le paysage est à couper le
souffle, nous volons presque au-dessus de la mer. Pas un nuage ne
grignote le ciel bleu, et la vue porte au plus loin. La couleur des
vagues est turquoise, et l'eau vient mourir sur d'interminables
plages de sable blanc.
De rares cavaliers longent la mer, profitant
de l'heure encore matinale, pour faire trotter leurs élégants
chevaux.
Le cap de bonne Espérance, porte un nom mythique. Le lieu
est pourtant loin d'être féerique. Des vagues déchaînées
viennent se fracasser sur un amoncellement de rochers, au bas d'une
haute falaise. Mais, il s'agit du cap de Bonne Espérance, et le
large panneau de bois l'atteste. Nous parvenons à faire les photos
devant la pancarte délivrant les cordonnées du cap, avant d'être
bousculés par des touristes en provenance de tous les horizons,
venus là pour la fameuse photo, et bien décidés à passer les
premiers. Nous les laissons à leur course effrénée, pour
rejoindre un peu plus loin, « le cap point », et son
phare rouge, blanc, et noir.
Un petit funiculaire nous permet un
accès facile, et les dernières marches franchies, nous parvenons au
pied du phare. Nous profitons de la vue imprenable à 360 degrés sur
la péninsule du Cap. En face de nous, loin, l'Antarctique.
De retour, nous
traversons la charmante et animée bourgade victorienne de Simon's
town, qui abrite la marine nationale d'Afrique du Sud. Plus loin,
nous nous arrêtons admirer les petits pingouins (manchots) de
« Boulders beach ». Ils sont là, des centaines,
rassemblés sur une petit plage, presque tous immobiles. Tant est si
bien qu'à premières vues, ils paraissent faits de porcelaines.
Mais, après quelques minutes, certains d'entre eux rentrent de leur
baignade, s'ébrouent, et rejoignent le groupe de leurs dandinements
bien particuliers, qui amusent la galerie. Nous quittons ces petits
compagnons, aux alentours de 14 heures, pour reprendre la route vers
Cap Town.
Nous nous arrêtons pour visiter, un lieu exceptionnel :
Le jardin botanique national de Kirstenboch. Un immense jardin qui
rassemble mille espèces de fleurs, de plantes, d'arbres et
d'essences du monde. De petits sentiers montent, descendent, se
croisent, surplombés d'arbres centenaires, aux pieds desquels, sur les
pelouses taillées à l'Anglaise, les familles viennent se reposer ou
partager un repas froid. Un chemin suspendu, traverse la canopée des
grands arbres, et offre une expérience nouvelle. Nous flânons une
petite heure dans ce lieu propice au repos, aux conversations, à
l'isolement et autre méditation.
Il est près de quatre heures, il fait maintenant très chaud. Notre guide nous abandonne à notre hôtel, hésitant de nous savoir seuls sur la route des vins, pour la journée de demain. Mais son grand sourire nous rassure, l'aventure sera belle.
Texte : Henry Lavesque
Photos : HLN et FL
Photos : HLN et FL
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