Un vent très violent et
bruyant a soufflé toute la nuit, sans pour autant déranger notre
lourd sommeil. Au petit matin, il ne reste qu'une légère brise
venue de l'océan. Le ciel est d'un bleu d'azur, et il fait déjà
chaud. On nous promet une belle journée ensoleillée. Un petit
déjeuner gourmand et varié nous attend dans une salle adjacente à
l'hôtel, décorée avec goût, et accompagné du sourire de
charmantes et attentionnées jeunes sud-africaines. Kalama, notre
guide de la matinée, patiente dans le hall de l'hôtel, et nous
embarque dans son véhicule, pour nous faire faire le tour de sa
ville, « notre petite ville du Cap », comme il répétera
de nombreuses fois au cours de la visite. Nous prenons tout d'abord,
la route de la « montagne des signals » (et non des
signaux). Ici, après le déplacement des travailleurs loin de la
ville, était donné le coup de canon pour les prévenir qu'un bateau
rentrait au port, et qu'il y avait du travail. Depuis, tous les jours
à midi, un coup de canon est donné pour perpétuer la tradition. La
route est sinueuse, et offre une magnifique vue sur la ville, et sur
les riches quartiers (« sea point »), construits le long
des plages.
Nous revenons sur le
centre ville, traversant des rues commerçantes et animées, dans une
circulation encore fluide. Nelson Mandela a laissé son empreinte
dans l'histoire de ce pays, et dans le cœur de cette ville. Nous
passons prés de la place où il fit son premier discours public,
après sa libération. Juste avant, nous avions pu apercevoir l'île
de « Robben Island », où il fût emprisonné pendant 18
années, refusant toute concession, et luttant avec force derrière
ses barreaux, et entre les murs de sa minuscule cellule, contre le
régime de l'Apartheid.
En écoutant,
notre jeune guide nous raconter cette histoire, et bien que celle-ci
ne soit pas la nôtre, une grande émotion nous envahit. Être
« l'homme blanc », à cet instant précis, devient
presque gênant. Heureusement, les paroles rassurantes, tout en
restant mesurées, de notre jeune guide, laissent entrevoir un avenir
commun pour tous les Sud-Africains. « Il faudra du temps ».
Les jeunes générations, qui vivent leur histoire côte à côte,
pourraient bien faire accélérer le processus. Les dirigeants du
pays s'y emploient, en édictant des lois allant dans le sens du
« vivre ensemble ». Pour exemple, cette loi qui impose
aux habitants du Cap d'inscrire leurs enfants dans les écoles de la
ville, sans tenir compte de leurs origines. Nous continuons notre
périple du cœur de ville, jusqu'à l'imposant bâtiment où, au
temps de l'apartheid, étaient délivrés les cartes d'identité,
mentionnant la couleur de la peau. Les deux bancs publics encadrant
le grand portail d'entrée, sont encore là. Sur le premier, figure
cette inscription : « réservé aux blancs », sur le
second « réservé aux personnes non blanches ». Devant
cela, les mots viennent à manquer.
Pourtant, pour nous, qui ne
sommes que de passage dans cette ville, il semble que le « mélange »
soit en cours. Les églises succèdent aux mosquées, des femmes
voilées croisent de jeune filles « fashion », des jeunes
noires tiennent la main de grands gaillard à la peau blanche, avec
grands sourires. L'avenir est à la jeunesse. Comme pour confirmer
cela, nous faisons une visite dans le quartier « Bo-Kaap »,
(« haut du cap » en afrikaans), le quartier Malais, et
son alignement de maisons aux façades colorées. Du jaune vif, en
passant par le rouge, puis le vert ou le violet. Les propriétaires
sont libres de peindre les façades de la couleur de leur choix, le
seule restriction imposée par la ville : deux maisons
mitoyennes ne doivent jamais arborer la même couleur.
Après presque
quatre heures de déambulation dans la ville, il est temps de laisser
notre guide. Il nous abandonne sur le bord de mer, où nous pensions
bien pouvoir prendre le ferry de 13 heures, pour rejoindre l'île de
« Robben Island ». Malheureusement, le ferry est complet,
jusqu'à vendredi. Nous apprenons qu'il faut réserver sa place au
minimum trois jours avant. Nous nous contenterons d'une belle balade
en catamaran, le long de la côte, qui nous permettra d'admirer le
cap, vu de la mer, et d'approcher dauphins et pingouins.
Revenus sur
terre, nous sautons dans un taxi, pour nous engouffrer peu après,
dans le téléphérique montant à « Table Moutain ». De
la-haut, la vue sur la ville est magnifique et vertigineuse. Le vent
y est d'une violence rare, et il règne un froid sibérien, tranchant
avec la chaleur de la ville.
Nous retrouvons, peu
après, les rues encombrées de la cité, et notre petit hôtel,
havre de repos. Cette journée, bien remplie, se terminera comme
souvent autour d'un très bon repas. Au menu de ce soir, crocodile en
sauce, et springbok à la tomate. La journée de demain s'annonce
pleine d'espoirs, jusqu'au cap de bonne espérance.
Texte : Henry Lavesque
Photos : HLN et FL
Texte : Henry Lavesque
Photos : HLN et FL
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