Pour cette dernière
journée viennoise, nous nous écartons un peu du centre ville, et
des « sentiers battus », toujours sur les traces de
l'impératrice Elizabeth. « Sissi » demeure
incontournable à Vienne, et si, de son vivant elle ne fût pas bien
aimée du peuple, son assassinat et l'adaptation romanesque de sa vie
au cinéma, parvinrent magistralement à retourner la situation.
Aujourd'hui, elle incarne Vienne, et son image supporte la riche
histoire du Pays et des Habsburg.
A l'écart de la ville,
et à quelques kilomètres de Schönbrunn, François-Joseph avait
fait bâtir pour son épouse, une magnifique villa, que Sisi fît
nommée Villa Hermès. (elle y imposa la mise en place d'un statue d’Hermès, dieu du voyage). L'empereur pensait ainsi retenir Elizabeth à ses côtés, et lui faire oublier ses envies de voyages.
L'impératrice était très souvent absente, désireuse de se tenir
loin de la cour et de ses impératifs.
On accède à la villa,
par divers sentiers de terre, serpentant une nature à l'état
sauvage. Les bosquets de grands épineux, succèdent à des prairies
de hautes herbes où se disputent mille fleurs. Les oiseaux donnent
leur récital, les écureuils grignotent les boules de pins, et au
loin, biches et cerfs gambadent joyeusement. Un véritable tableau de
dessin animé. Pourtant, c'est ainsi, et après une petite marche,
la « villa Hermès » apparaît dans toute sa splendeur.
A
l'arrière du bâtiment, un petit jardin est entouré de
constructions basses qui devaient être les écuries, disposées en
arc de cercle. Au devant, un jardin beaucoup plus étalé, ceint de
grands arbres, découpé à la Française, offre à la villa son
écrin de verdure. La villa Hermès se visite, et il faut la visiter.
Bien entendu, le portrait de femme irascible d’Elizabeth se
confirme, et l'on retrouve, ici aussi, les pièces liées à son
obsession du culte du corps (Salle de sport et de soin). Ainsi, elle
ne voulait jamais peser plus de cinquante kilos, pour une taille de
1m70. Pour cela, elle passait d'un régime à l'autre, et pouvait se
nourrir d'un seul jaune d’œuf pour quelques jours.
Les pièces de la villa
sont richement décorées, sans pour autant présenter une richesse
ostentatoire. Les peintures aux murs, la marqueterie, les
statues... tout ici a été choisi avec goût et finesse, et avec le
souci du bien être de ceux qui y vivaient. La villa était un lieu
de repos. De nos jours, cela se ressent encore. Tout y est
paisible. Il est d'ailleurs étonnant de rencontrer si peu de
visiteurs, ce qui permet d'apprécier davantage le lieu. Les tours
organisés semblent éviter la « villa Hermès ». Pour
nous, ce sera peut-être notre plus belle rencontre viennoise.
Nous
nous y attardons d'ailleurs au cœur de l'après-midi, pour déguster
en terrasse de la villa, et sous un soleil généreux, des plats
typiques de la cuisine Autrichienne : « Bärlauchnokerl
mit schafkäse » et « wildschweinknödel »
(Difficile à prononcer, à expliquer, mais vraiment délicieux).
Nous parcourons le petite
sentier du retour pour faciliter la digestion, et quelques stations
de tramway plus tard, nous voici « Karlsplatz », au cœur
de Vienne, à la rencontre d'un personnage bien connu des Viennois :
Otto Wagner.
Cet architecte, né en 1841 et mort en 1918, a été à
l'origine de l'art nouveau viennois. Son matériau de prédilection
était le fer, qu'il peignait toujours en vert : « Vert
pomme ». On lui doit un nombre incalculable de créations :
Bâtiments privés ou officiels, stations de métro, ponts, mobilier,
réorganisation et création d'espaces publics. On retrouve des
créations d'art nouveau comparables à celle d'Otto Wagner, dans
quelques lieux à Paris (Montmartre par exemple). Un de ses pavillons
autrefois station de métro, est aujourd'hui transformé en un petit
musée où l'on comprend mieux l'architecte visionnaire que fût Otto
Wagner.
Il est bientôt la fin de
l'après-midi. Nous avons rendez-vous au « Time travel ».
Comme présenté sur les brochures, cela pourrait ressembler à un
attrape touristes. C'en est un, certes, mais joliment bien fait.
L'avantage pour conclure un séjour à Vienne, c'est que cette
animation récapitule toute l'histoire de la ville, tous les lieux
visités, avec bien entendu, des anecdotes et des histoires propres à
la ville. L'expérience de l'abri-bunker, sous les bombardements
alliés, à la fin de la guerre, ne laisse pas indifférent.
Peu à peu, la nuit
envahie les rues de la capitale Autrichienne. Un dernier «Apérol
Spritz », sur le boulevard, au son d'une joyeuse fanfare, et
nous retrouvons notre marchande de saucisse de la veille.
Demain matin, notre aigle décollera, pour se poser dans la ville lumière : Paris.
Vienne est une magnifique
ville, dotée d'un patrimoine architectural qui la place aux côtés
de Paris ou Rome.
Pour apprécier Vienne,
il faut « jouer le jeu ». Se laisser porter par les
valses de Strauss (et la marche de radzesky!), les sonates de Mozart,
et les symphonies de Beethoven. Il faut être curieux des œuvres de
Gustav Klimt, d'Egon Schiele et tous les autres peintres autrichiens.
Prendre le temps de savourer un petit café, un café viennois (même
si le café est cher), un « Apérol Spritz », ou un petit
vin blanc tout droit venu des villages Vignerons. Se laisser
entrainer dans l'histoire des Habsburg, et de l'incontournable
« Sissi ». Savoir lever les yeux pour découvrir les
détails des façades des palais ou des grands immeubles « art
déco ». Se laisser prendre par l'ambiance tour à tour
baroque, guerre froide et roman d'espionnage. Il y en a pour tous les
goûts à Vienne, pour peu que l'on veuille bien être curieux.
Sans cela, Vienne ne
serait qu'une ville de plus.