Pour
une fois, le soleil s'est levé avant nous, et c'est sous ses
premiers rayons et un ciel tout bleu que nous nous engageons sur
l'autoroute reliant Jodhpur à Udaipur.
L'autoroute
indien possède sa propre organisation. Bien entendu, on y trouve des
doubles voies de chaque côté d'une séparation centrale. Mais,
chose étonnante, on peut croiser la double voie parallèle, on peut
doubler aussi bien à droite qu'à gauche, on peut croiser des
vaches, des groupes de piétons, des vélos, bref une occupation
routière en tout point indienne. Il faut s'y habituer et faire
totale confiance à son chauffeur. Il nous faudra cinq bonnes heures
avant d'entrer dans la belle ville d'Udaipur.
En
chemin, nous nous arrêtons pour voir la fabrication de l'huile de
sésame et de galettes (les padom) ainsi que le fonctionnement d'une
noria.
A
mi parcours, nous faisons halte à Ranakpur afin de visiter le
Chaumukha ou «quatre têtes», l'une des plus belles et plus vastes
constructions Jaïns de l'Inde. Ce temple, dédié à Adinatha,
édifié au 15ème siècle, fait partie des cinq pèlerinages
majeurs de la religion Jaïn. Avant de franchir le seuil, nous
abandonnons nos chaussures devant l'entrée, ainsi que tout article
de cuir que l'on peut porter sur nous. Un des préceptes de la
religion Jaïn étant de protéger tous les animaux et créatures
terrestres, toute chose ayant été fabriquée à partir de tissu
animal ne saurait entrer dans le temple. Les adeptes Jaïns allant
même jusqu'à balayer devant leurs pas afin d'éviter d'écraser les
insectes, ou manger avec un mouchoir devant leur bouche pour ne pas
avaler et donc tuer le moindre microbe. Le temple dresse ses quatre
vingt coupoles dans un écrin de verdure. A l'intérieur plus de
mille quatre cent quarante piliers de marbre blanc soutiennent
l'imposant édifice. Aucun de ces piliers n'est sculpté de la même
façon. Les petites comme les grandes sculptures sont finement
ciselées, offrant des détails qui en font une véritable dentelle
de pierre. On ne sait où donner de la tête, et on déambule entre
les piliers en faisant à chaque fois de nouvelles découvertes. Le
lieu est fait pour la méditation et la prière. C'est également un
lieu très touristique visité aussi bien par les indiens que par les
étrangers de passage.
En
sortant du temple, nous empruntons une petite route qui va nous faire
pénétrer une région de moyenne montagne, vouée à l'agriculture.
Le paysage qui nous entoure est vraiment magnifique. Les petits
vallons se succèdent, riches de parcelles travaillées par l'homme,
traversés par des troupeaux de vaches et de chèvres, guidés par
les bergers Bishnoïs. Nous croisons de touts petits villages dont la
rue principale est envahie par les paysans coiffés de leur imposant
turban rouge sur la tête, venus vendre les produits de leur
maraîchage. Les douces collines des monts Aravelli offrent des
couleurs ocres, tachetées de touches d'un vert intense. Ça et là,
inlassablement des vaches entraînent dans leur pas, le rythme des
norias qui déversent l'eau dans les réseaux de canaux d'irrigation.
Les femmes rentrent des champs, portant sur leur tête de lourds et
longs fagots de bois. D'autres groupes de femmes pompent l'eau à la
fontaine, et reprennent le chemin de leur maison, une cruche
débordante en équilibre sur la tête. Tous ces gestes semblent
immuables, répétés de générations en générations.
Enfin,
au bout de cette étroite route, faite de montées et de descentes successives sur laquelle nous avons été bien secoués, nous
retrouvons l'autoroute, et parvenons aux premières maisons
d'Udaipur.
Nous
voici dans la ville des Rajput, la caste des guerriers.
Notre
hôtel héritage, le «Karohi Haveli», nous attend sur les rives du
lac.
Nous
faisons face aux rives des ghâts de la vieille ville, la vue est
superbe. Le soleil se couche sur le lac. Nous décidons de sortir
pour une petite balade nocturne et empruntons le petit pont qui nous
sépare de la vieille ville. Nous passons sous une des portes
d'accès, et le concert nocturne débute. Les ruelles sont étroites,
sans trottoirs et la circulation est démentielle. Se faisant
précéder de leurs puissants klaxons, les motos, tuk-tuks et
voitures, nous frôlent, nous obligeant parfois à sauter sur les devantures des commerces ou dans les caniveaux, ce qui semble
beaucoup amuser les habitants habitués qu'ils sont à cet étrange
ballet.
Après
avoir pris ce bain de foule, de bruits et d'odeurs, un peu assommés
par ce zig zag entre tous ces véhicules désordonnés, nous
retrouvons notre hôtel, avec, bien entendu, la ferme intention de
retourner dans l'enfer motorisé dés demain.
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