Il
fallait que ça arrive, nous entamons notre dernier jour de voyage au
Rajasthan. Demain, nous quitterons Agra pour New Delhi, et nous
prendrons 'avion qui nous ramènera en France, via Doha au Qatar.
Ce
matin, il fait à nouveau beau et chaud, mais la brume trouble
légèrement la vue sur le Taj Mahal. Nous avons eu beaucoup de
chance hier !
Pour
cette dernière journée à Agra, nous visitons le deuxième site
incontournable de la ville : le fort rouge. Impressionnante
citadelle, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. De ses
interminables remparts, le fort d'Agra est le fleuron de
l'architecture moghole, et de son troisième empereur, Akbar le
Grand. Tout y est démesuré et offre une vue imprenable sur la ville
et sur la rivière Yamuna qu'il domine. L'organisation architecturale
moghole s'y répète avec les cours pour audiences publiques et
privées, harem et jardins. Il faut imaginer la forteresse au temps
de la splendeur de la dynastie moghole, avec les eaux de la Yamuna
venant lécher les murs du fort. Aujourd'hui en raison des saisons
sèches et des barrages en amont, la rivière est presque à sec.
Seules les blanchisseuses s'activent au bord du maigre filet d'eau,
pour laver d'immenses pièces de tissus colorés, et les faire sécher
sur les buissons ou à même la terre. Arpenter le fort rouge en le
visitant pièce par pièce doit demander plus d'une journée. Nous y
passons la majeure partie de la matinée en profitant pleinement de
cette promenade dans le temps, imaginant la vie des empereurs moghols
Akbar, Jehangar ou Shah Jahan qui ont chacun laissé leur empreinte
dans le fort : le premier a utilisé le grès rouge pour sa
construction, le deuxième a agrandi en mêlant le grès rouge et le
marbre blanc, le troisième a préféré la sobriété du marbre
blanc. Ce dernier y fut d'ailleurs retenu en résidence surveillée
par son propre fils. Du balcon des appartements où il était
prisonnier, il eut la consolation de voir s'élever le précieux
mausolée de sa bien aimée : le Taj Mahal. C'est également
dans ce fort que Shah Jahan rencontra pour la première fois, celle
qui devait lui inspiré l'amour infini : Mumtaz Mahal, qu'il
épousa alors qu'il avait dix neuf ans et elle, quinze. Aujourd'hui,
beaucoup de monde est venu visiter le fort. Ce beau dimanche
ensoleillé permet aux indiens de découvrir leur patrimoine en
famille. Nous terminons notre balade, en traversant la Mosquée, le
Bazar, et les dernières terrasses.
Nous
continuons notre visite par le mausolée d'Itimad-ud-Daula, dit
«petit Taj Mahal», situé non loin de là. Il constitue pour ainsi
dire la maquette du futur Taj Mahal. Entièrement en marbre, la
finesse de son architecture et de ses décors incrustés de pierres
précieuses, en font un véritable chef d'oeuvre. Ici, le mausolée a
été édifié par une fille en hommage à son père. Pour mémoire,
la construction du Taj Mahal a été ordonnée par un époux en
mémoire de son épouse et le tombeau d'Humayun à Delhi a été
édifié par une épouse à la gloire de son mari.
Quelques
minutes plus tard, après avoir traversé la rivière Yamuna, par
l'un de ses ponts, nous nous retrouvons sur l'autre rive, avec une
vue sur l'arrière du Taj Mahal. Nous ne pouvions quitter l'Inde sans
avoir auparavant saluer une dernière fois, avec respect et
admiration, ce Taj Mahal qui restera pour nous, notre plus belle
rencontre Indienne.
Texte Henry Lavesque, Photos Hélène Gros, Fabienne
Texte Henry Lavesque, Photos Hélène Gros, Fabienne